Soudain, quand elle se lève, tout s’entremêle, pêle-mêle, et se démêle. Dans sa tête. C’est tout une rafale de souvenirs qui submerge le vide dans ses pensés. Elle avait plongé dans la mer, tête la première, sans se soucier de l’eau qui mouille, des algues dégoutantes que pouvait regorger les tréfonds de ce champ aqueux, ou de la faune sous-marine, dans un élan de curiosité intense qui lui donnait l’impression d’être une aventurière en quête de découverte. Mais elle ne savait pas nager. Et elle a commencé à couler. Après moult effort, son ombrelle s’ouvrit enfin, lui servant plus ou moins de bateau. Ce fut un long périple mais elle était finalement parvenu à destination et s’était endormi, épuisée.

Ema s’avance, le pas lent, prenant le temps de tout observer, les moindres détails, comme si elle devait les décrire ensuite pour un devoir sur table. Puis tout à coup surgit devant elle un bateau à l’allure délabré. Elle ne se pose aucune questions et y entre aussi vite qu’elle l’a vu, elle y découvre un ameublement bien que abimé, fort luxueux. Ne manquerait plus que d’enlever l’humidité et on pourrait y poser des dames vêtus de toilettes fort proprettes avec des crinolines, de la dentelle de partout, en train de converser de la meilleures façon de déposer du rouge sur les joues et les lèvres. La jeune fille s’émerveille devant cette scène qu’elle s’imagine puis décide de continuer la visite. Toutes ces pièces si joliment composés la font rêver, elle ne voit même pas les immondices à ses pieds tels que ces charmants cadavres en pleine décomposition dont il émane une fragrance putride.

S’offre à elle une nouvelle porte, une nouvelle pièce à découvrir. Cruelle avec elle-même, celle-ci maintiens un suspens insoutenable en n’entrouvrant d’abord la porte que de deux centimètres. Puis de trois. Qu’y a-t-il derrière ? Elle meurt d’envie de savoir mais elle continue de ce rythme insupportablement lent. Quand son corps tout entier est enfin à l’intérieur de cette chambre, c’est comme s’il s’était passé plusieurs éternités. Enfin. Ses yeux pétillent.

Interjection complètement débile qui exprime tout son étonnement. Elle avance vers ce qui semble être un miroir. Elle se mire dedans, prend la pose pendant quelques secondes, grimace. Cela faisait longtemps qu’elle ne s’est pas vue. Surtout dans un état pareil, les habits crasseux, les cheveux dégoulinants de sable, le visage en catastrophe. En parfaite adéquation avec l’état de ce lieu.