Edward Peter Ohlsson

« Help, I have done it again
I have been here many times before, hurt myself again today
And, the worst part is there's no-one else to blame. »

RACONTEZ NOUS VOTRE MORT : Oh, ce fut douloureux, mais assez bref. J'étais en vacances, à Londres, quelques jours avant la rentrée, à Cambridge, où je devais débuter ma troisième année d'économie. Il était tard, je venais de me disputer avec mon père au téléphone, et j'étais donc assez énervé. Alors que je rentrais à mon hôtel, des gens me hélèrent dans la rue. On m'invitait à allez passer la soirée en boite. Vu que je n'était jamais entré dans aucune boite de nuit, ma colère me donna de l'ardeur, et je les suivis. Erreur. Mais une fois rentrés, les personnes en question disparurent rapidement, me laissant deux options: sortir ou aller squatter le bar. Bien qu'étant intimidé, je ne voulais pas gâcher ma première fois. Le bar. Erreur. Un verre. Deux verres. Trois verres. Je ne savais même pas ce que je buvais, mais c'était... agréable. Puis il y eu des cris, tout le monde se ruait pour sortir. J'essaya de les suivre. Erreur. Dans la cohue, quelqu'un me poussa, et je me cogna violemment la tête contre le bar. Une douleur fulgurante. Et plus rien.

QUE PENSEZ-VOUS DU PAYS DES MERVEILLES ACTUEL ? : Décadent. Encore plus qu'à l'habitude. Pourquoi a-t-il fallut que cela arrive? Pourquoi rendre encore plus complexe et imprévisible quelque chose qui l'est déjà bien assez? Trop d'inconnus dans l'équation. Cela n'a même pas le mérite d'être intéressant, c'est insoluble. Mon adaptation à ce climat de folie n'en est qu'encore plus compromis. Une catastrophe, voilà ce que c'est.

QUEL EST VOTRE ENDROIT PRÉFÉRÉ DANS CE PAYS ? : Blanc. Noir. Blanc. Noir. Carré, précis, calme, reposant, majestueux, accueillant, clair, complexe, épuré, important. Ma définition de la perfection. Le seul endroit qui garde une certaine logique, ne serais-ce qu’architecturale. C'est bien sur le Château de la Reine Blanche que je préfère.

1.
Mon père et ma mère se sont encore disputés, je n'en peux plus. Ils se hurlent toujours dessus, mon père passe la moitié de la semaine à l'hôtel, jusqu'à ce qu'ils se réconcilient, puis ils se disputent sur un autre sujet, et ça continue. Encore et encore. Parfois, Chris se mêle de leurs dispute, le plus souvent pour défendre ma mère. Pourquoi faut-il qu'il y prenne part? Il doit toujours être partout. Ses interventions ne servent à rien, à part faire taire les parents, et faire régner une tension plus épaisse que de la gelée dans l'appartement, jusqu'à ce qu'une autre dispute éclate encore. Je ne sais pas combien de temps ça va encore durer, mais ça commence à être pesant. Ces temps ci, j'ai du mal à dormir, et cela ce remarque à l'école; l'autre jour, la professeure m'a réveillé en cours! Je crois que je n'ai jamais eu aussi honte de ma vie. Bien sur, le reste de la classe a saisi cette opportunité pour rire aux éclats, ce qui eut comme seuls résultat d'augmenter encore plus mon empourprement et de mettre en colère Mme.Johnson. Depuis, elle ne m'interroge presque plus et à l'air de ne plus m'apprécier, je me sens horriblement mal.

2.
Mes parents se sont séparés hier, mais ma mère n'a pas voulut de notre garde, elle dit qu'elle n'a pas les moyens pour « nous rendre heureux ». Je la crois, mais mon père est dans la même situation, même si son poste est plus stable qu'elle, il travaille dans une banque mais a un poste très peu rentable tandis qu'elle tiens une boutique qui n'a pas beaucoup de succès. Chris est beaucoup plus affecté que moi par leurs divorce, il a pleuré toute la nuit quand il a sut la nouvelle. Ça m'a beaucoup gêné et m'a fait me sentir coupable de ne pas ressentir de tristesse mais plutôt du soulagement. J'ai essayé d'assumer mon rôle de grand frère, mais il m'a rejeté en me criant que je m'en fichait. Même si il n'avait pas tort, ça m'a blessé; nous ne nous comprenons jamais. Mme Johnson est plus agréable avec moi ces temps-ci, elle a dut oublier, ça me soulage tellement!

3.
Chris vit de plus en plus mal la séparation de nos parents, j'ai vraiment du mal à compatir. Je fais de mon mieux pour avoir une meilleure relation avec lui, mais c'est très dur; nous n'avons aucun points communs. Mon père, lui, essaye aussi de se rapprocher de nous, mais s'y prend encore pire que moi; il vient nous parler 2 à 3 fois par semaines pour nous faire un sermon sur ce qu'on peut ressentir, il nous offre des cadeaux... Il a l'air en meilleure forme, moins stressé pour son travail. Il se met a nous amener au restaurant, c'est troublant, je ne sais pas quoi en penser. A l'école, la professeur dit que je vais sauter une classe! J 'espère que mes nouveaux camarades seront plus agréables.

4.
Notre père nous a avoué d'où venait tout cet argent: il a eu plusieurs promotions ses derniers mois, et vient d'être nommé directeur du département investissement de la banque. Mais le revers de la médaille, c'est qu'il changera d'affectation tous les 6 mois, mais des affectation aux quatre coins du monde. Alors que je me réjouissais déjà de vivre une expérience pareil, Chris me fit rapidement redescendre sur terre: Notre mère. Une horrible décision se profilait à un horizon terriblement proche, le nouveau directeur du département investissement partait le mois qui suivait pour Toronto. Le Canada! Presque une autre planète. Mais ce n'est pas moi qui choisit, notre mère a prit la décision pour nous: Elle veut que nous partions; notre père a plus à nous offrir qu'elle. Sinon, à l'école, mes nouveaux compagnons de classe sont du même moule que les derniers; stupide et futiles. Je n'ai toujours pas d'amis, ça ne me change pas trop de d'habitude. Au moins les leçons sont plus intéressantes. Vivement Toronto!

5.
Je suis a Toronto, mais Chris est resté. Ma mère était enchantée mais mon père a l'air triste et désespéré. J'ai parlé avec Chris et ma mère, ils m'ont assurés qu'ils me comprenaient, mais on sentait l'amertume dans leurs voix. La culpabilité de les laisser ne m'a pas quitté de tout le trajet en avion. J'espère que la tristesse va nous passer et que nous resterons en bonne entente. Toronto est une super ville, j'adore, mais il n'y a pas beaucoup de livres traduits en suédois, je dois les commander, et c'est long. Il faudrait que j'apprenne à parler anglais. Comme je vais avoir un précepteur, je n'aurais plus tous les ennuis causés par les autres élèves. Le paradis!

6.
C'est officiel, je vais à Cambridge! J'étais certain d'être reçu, mais en être sur et le savoir, c'est pas la même chose. J'ai loué un loft juste à coté de l'école, du Starbuck et de la bibliothèque. J'ai tellement hâte à ma rentrée! J'ai parlé récemment avec ma mère, apparemment tout va bien en Suède. Chris m'évite, trouve des excuses pour ne pas répondre à mes appels... Je crois que le lien est bel et bien rompu.

7.
Cambridge, c'est le paradis sur terre: les autres me comprennent, je peux travailler uniquement sur ce qui m'intéresse, et mon appartement est génial! Je me suis fait des amis -enfin-, nous nous entendons parfaitement. Nous avons tous le même point de vu sur le monde, mais nous ne visons pas du tout les mêmes choses, personne n'empiète sur les plates bandes des autres. Je me plait tellement ici, ma vie est parfaite, je suis premier de mon cursus!


« Aujourd'hui, L'Université de Cambridge fais part de son immense chagrin et déplore la perte d'un de ses esprits les plus brillants. Hier matin a été retrouvé le corps sans vie Edward P. Ohlsson, étudiant en économie, dans une boite de nuit à Londres, où un incendie avait été déclenché accidentellement. D'après les premières analyses, ordonnées par les parents de la victime, sa mort aurait été causée par un choc à la tête, il n'aurait pas souffert. Beaucoup se demanderont pourquoi Edward, si calme d'habitude, s'est retrouvé dans un lieu qui était si différent de ses fréquentations habituelles; cette questions demeurera cependant sans réponses. Militant actif pour la cause de l'éducation, Edward était premier de sa filière, apprécié de tous, bien que réservé. Le souvenir qui restera d'Edward sera celui d'un élève serviable, agréable, toujours à l'écoute. Les cours seront banalisés demain, et vous serez invités à venir vous recueillir auprès de nous en cas de besoin. »
Note de la direction de l'Université de Cambridge