Cet endroit était vraiment glauque, les gens qui vivaient ici étaient glauque, même la plante à mes pieds était glauque. Je n'ai jamais vraiment compris comment je m'étais retrouvé ici. Enfin, quand je disais « ici », ce n'est pas l'endroit où je posais mes pieds, ça je savais, c'est parce que j'avais marché pendant un long moment sans trop savoir où j'allais. En même temps, on ne m'avais pas donné de plan pour que je me repère. Quand je disais « ici », je parlais plutôt de ce monde. Je m'étais plantée un couteau dans le cœur et je m'étais retrouvée dans cet étrange endroit où même la plus mignonne des bêtes est dangereuse. Comment pouvoir encaissé tout ça sans devenir fou où se poser des questions ?

D'un autre côté, ma vie ici était beaucoup plus intéressante que celle que je menais autrefois. Avant, tout était plus ou moins prévisible et ennuyant alors que maintenant je ne risquais pas de m'ennuyer, chaque jour je découvrais de nouvelles choses. Cet endroit réveillait en moi un petit côté aventurière que j'ignorais posséder. Je ne me rappelais pas avoir aimée découvrir. Quand j'étais petite, je préférais nettement être la chouchoute de tout le monde et avoir tout le monde à mes pieds. Sauf, que ça m'est jamais arrivée. Dommage...

Je continuais à marcher droit devant moi jusqu'à ce que je sois coincée. J'étais arrivée en plein milieu d'un marécage. « Bravo quelle idée splendide ! » me disais-je dans la tête. Lentement, je posais un pied sur le sol spongieux en face de moi et le vis s'enfoncer dans de la vase. Je le retirai vivement et essayai de l'essuyer avec le peu d'herbe. Je rageais intérieurement, comment avait-je pus être si bête pour me retrouver en plein milieu d'un marécage ? Je tournai sur moi-même pour trouver une sortie et croisai le regard d'une personne. Je l'avais déjà vu quelque part, mais sur le coup je ne me rappelai plus où. Je la fixais pendant un long moment avant de lâcher un « Quoi ?! » plutôt froid.

«We're only
HERE TO DIE»

Même si Mia-Rose se bornait à le nier, elle se trouvait dans un constant état de peur. Tout ce qu’elle désirait à présent, c’est de n’être jamais tombée de ce fichu immeuble. Elle regrettait d’avoir ingéré ces pilules roses. Elle pensait souvent à sa mère, enfermée dans « l’autre » monde. Comment allait-elle depuis sa mort ? Elle lui manquait terriblement. Lorsque sa faiblesse revenait au galop, la jeune femme aimait se réfugier près de la Vallée des Larmes. Cet endroit lui paraissait tellement familier, qu’elle se demandait s’il n’avait pas été conçu pour elle. Elle se sentait terriblement seule, mais par nécessité elle désirait tout de même le rester. Ici, les gens n’étaient plus ce qu’ils étaient. Il n’y avait pas de lois qui interdisaient de nuire à autrui, ni de limites. La survie nous obligeait à devenir égoïstes et malsain. Ainsi, on ne pouvait se débrouiller que par soi-même. C’est dans ce monde ci que la vraie nature de l’être humain faisait surface ; vile, vicieuse et égocentrique.

Mia-Rose se posait toujours la même question : « Et si je mourais ici, qu’adviendrait-il de mon âme ? » car, même si la jeune femme pouvait palper sa peau d’une froideur cadavérique, elle était tout de même morte. Pouvait-on mourir une deuxième fois ? Est-ce que c’est cela que l’Homme nomme l’Enfer ? En tout cas, cela y ressemblait fortement. Elle ne prenait même plus le temps de se laver les mains. Elles étaient constamment tachées de sang, si bien qu’elle n’était plus certaine que ces traces partiraient avec un peu d’eau. Elle croyait trouver le repos dans la mort, eh bien, on peut dire que c’était une bien fausse idée. Elle donnerait tout pour retrouver sa vie d’avant, lasse de jouer à ce jeu de survie absurde.

La jeune femme se baladait dans les Bois de Tulgey, sa Glaive Vorpalin et son parapluie à la main. Elle marcha dans la forêt jusqu’à la lisière et trouva les marécages. Elle vu une blonde, de sa tranche d’âge, se débattre avec la pâte boueuse qui accrochait ses jambes. Après s’être débattu quelques minutes, l’inconnue se retourna et toisa Mia-Rose. Celle-ci lui lança un sourire sournois et moqueur.

« - Si tu n’avais pas été blonde, je n’aurais pas jugé ce spectacle aussi distrayant. »

Mia-Rose avait toujours été d’une nature sarcastique, mais depuis sa mort, ce côté-là s’était accentué. Après tout, on ne pouvait pas dire que la blonde en face d’elle était d’une grande tendresse. Son visage lui semblait quelques peu familier, peut être l'avait-elle déjà vue quelque part. C'était le seul visage humain qu'elle croisait depuis des lustres.