Henri César Swann Williams

« the future is bulletproof, the aftermath is secondary, it's time to do it now and do it loud. »

RACONTEZ NOUS VOTRE MORT : « Fais gaffe, t'sais c'qu'on dit : une de perdue, dix de retrouvées ! » Et il a gloussé comme un malade. Quel con. Moi, je crevais. Je m'étais pris une balle perdue mais comme j'étais un boss, j'étais pas mort. A cette pensée, j'ai souri en coin en congédiant celui qui prétendait être mon meilleur ami. Suis ressorti, quelques jours plus tard. Je courais, normal, quand la plaie s'est rouverte. J'ai perdu trop de sang, qu'ils ont dit. Et j'suis mort comme ça, dans la rue, la tête des passants au-dessus de la mienne. J'étais juste tombé. Je courais, je courais tout le temps. Et la plaie, juste là, sur mon flanc, elle a giclé d'un coup. Comme si on m'avait re-tiré dessus et que ça avait crevé la peau, et tout. Ça craint un max. J'préfère plus trop y penser, à ce chirurgien de merde qui a deux pieds gauches à la place des mains mais c'est dur.

QUE PENSEZ-VOUS DU PAYS DES MERVEILLES ACTUEL ? : Euh, parce qu'il a changé ? J'en sais rien, moi. Tout ce que je sais, c'est qu'c'est cool. J'veux dire : je pige que dalle. Comme quand je suis en plein trip, genre trois joints suivis de près par des shots de tequila. Voilà ce qui manque à wankerland. Des joints et de la tequila. Mais j'aime bien. C'dark. C'est vrai que ça fout un peu les pétoches mais c'est pas mal, ça me fait sentir vivant. J'suis pas genre trop drôle ? Vous avez pas pigé ? J'suis mort ! Et j'me sens vivant ! J'suis trop bon. Trop drôle. Contrairement à cet endroit. Sérieux. Ça donne pas envie de rire. Moi, je veux juste m'éclater. Pas me retrouver au milieu de conflits incompréhensibles. Vous pigez ? S'é-cla-ter ! Avouez que ça a l'air cool. Imaginez vous devenez comme moi. C'est fanstama...tique !

QUEL EST VOTRE ENDROIT PRÉFÉRÉ DANS CE PAYS ? : Je kiffe la falaise blanche. Elle me fait penser aux années cinquante ? Pourquoi ? What the fuck ? Was ? Tout simplement parce qu'elle est blanche ! (okay donc toi t'es con) Bah ouais ! A l'époque, les films, y étaient en noir et blanc. Faut que tu suives, dude. Et puis, des fois, j'imagine que j'en tombe et que j'm'envole genre aigle de serdaigle et puis qu'après j’atterris majestueusement plus bas, avec un fond sonore trop stylé et une lumière blanche. Moi, je fais un clin d’œil à la caméra et j'vais kicker des méchants. Ce s'rait pas genre trop ouf ? Voire trop cool ? P'tain, j'suis trop cool.

Il a levé les bras, paumes vers le ciel. Dans une main, il avait une bouteille de Desperados, dans l'autre, juste de la moiteur pas très sexy. Il a inspiré, avant d'expirer sans classe, très fort et en fermant les yeux, tête renversée vers les cieux. Duncan lui a tapoté l'épaule. « Cezz, mon pote, t'es où, là ? » « Nirvana, mec, nirvana. » César a inspiré une autre bouffée d'air frais. Toit. Un toit et pourtant il se sentait comme chez mémé. Duncan le regardait, faussement soucieux, avant de se laisser tomber. Du tout. Ses jolies fesses atterrissant sur le rebord, ses pieds pendant dans le vide. Il a porté à ses lèvres la bouteille d'alcool tandis que son ami restait là, immobile, inconscient des crampes qui le prendraient, le lendemain. Il a souri pour lui même, le César. Il a inspiré plus fort que précédemment, a retenu sa respiration; tant et si bien que son meilleur ami a dardé un regard surpris sur lui. « I AM THE FUCKING SWAN KIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIINNNNGGG »

Stop. Arrêt sur image. Retour en arrière.. tiens, quinze ans plus tôt, quand il avait à peine cinq ans. Il a les cheveux graisseux, un tout petit peu, qui descendent sur ses épaules sans classe aucun. Il baigne dans un chemise trop grand accompagnée d'un pantalon en soie noire hyprachère déjà déchiré. C'est fait. Il sourit à sa mère, qui lui caresse le crâne comme un bon chien-chien (après elle s'essuie la main) avant de se détourner pour retourner à ses violons. Elle adore jouer du violon. Mais a jamais voulu apprendre à son rejeton - et en plus, ça rime. Là, il s'appelle Henri. Pas César. Il est gentil, Henri. Bon élève. Riche. Plutôt attirant, malgré ses cheveux. Et puis il a ce charisme qui force les gens à l'écouter, même si il est tout gamin. Il entre en ce1, et ouais, il a sauté la petite section et la grande car c'est vraiment un ouf, le Henri et en plus, il le sait pas. Il est amoureux. Il est amoureux de son Isis. Elle est jolie, Isis. De beaux cheveux blonds, puis des yeux verts à vous faire fondre le plus dur des chocolats. Mais elle, elle préfère les roux. Henri s'aime pas trop, ainsi. Et, lentement mais sûrement, il se met à changer.