« Je suis... tellement fière de toi. » Ses mains épousent la forme de mon visage. S'épanchent sur mes épaules dévêtues. Suivent la longueur de mes bras. Se resserrent autour de mes doigts. Je lui souris. Maladroitement. Éprise d'une émotion particulière. Je ne sais que dire. Ni que faire. Alors je me pince la lèvre. Timidement. Comme une adolescente face à son premier amant. Elle s'amuse de mon air visiblement coincé. Et moi, je soupire en levant les yeux au ciel. « Je suis heureuse que tu sois là. » C'est un balbutiement effréné. Sous l'angoisse qui me taraude. Le chemin à prendre qui me guette. Je regarde la vieille pendule suspendue au dessus de la porte. Tic-tac. Tic-tac. Je ferme les paupières. Non... je n'y arriverais pas. Un amas de questions m'assaille. Et des « si » à tout va derrière mes traits plissés. « Ca va aller Shiv'. » Sa voix est une caresse à mon cœur. Une pointe dans ma gorge. Je me jette à son cou. Fillette apeurée. Animal sauvage. Mon étreinte est étouffante. J'étouffe... de l'intérieur. Ce nœud qui ne cesse de comprimer l'oxygène inspiré. Je suffoque. Recule. Desserre le corsage de ma robe. « Ella'... » Elle pouffe. Soudain enfantine. « Tu devrais voir ta tête ! » s'exclame t-elle. De ce fait, je tourne mes prunelles noisettes vers le miroir surplombant la moitié du pan de mur. Croisant le reflet de ce qui lui a valu sa moquerie, je ris à mon tour. Effectivement. Même un fantôme ne m'aurait offerts une telle expression. Cependant, ce qui m'attire davantage, est la similitude de nos silhouettes. Même après vingt cinq, nous sommes deux parfaites copies. Identiques...

FLASHBACK :
« Joyeux anniversaire les filles ! » De mes deux petites billes tout juste âgées de huit ans, je contemple mes parents. Souriante. Enthousiasme. Excitée, à la vue tout ces cadeaux étalés devant moi. Devant nous. Je réponds au regard complice que m'adresse Ellenore, et à une demi-seconde d'intervalle nous soufflons nos bougies. Puis, d'un geste vif qui me fait sursauter, elle m'entraîne jusque dans les profondeurs du jardin. Là, elle resserre ses bras avec ferveur autour de mon corps. De toute son âme de petite fille innocente. « Je t'aime, Siobhan. » Et, sans me laisser l'occasion de rétorquer, elle me tend sa boîte à musique. « Joyeux anniversaire ! » Interloquée, mes yeux passent du petit coffret à sa bouille enfantine. Inversement. « Tu l'as toujours aimé. » renchérit-elle. Ne sachant que dire par cette surprise inattendue, je l'étreins à mon tour. « Je t'aimerai toujours ! »

« Prête ? » Et si... je ne l'étais pas ?... J'inspire profondément. Remue la tête frénétiquement. Son sourire envahit mon champ de vision, tandis qu'elle m'entraîne comme au bon vieux temps, à la suivre. « Tout sera parfait, Ellenore. Tu l'aimes. Et il t'aime c'est inné. Tu vas te marier. Vous allez vous marier. C'est... Je suis tellement heureuse pour toi ! » Une larme perle le long de ma joue. Je vais me marier... Oh grand Dieu, je vais me marier !...

Je traverse la longue allée de bancs. Noyée sous mon imposante robe crème. Je suis semblable à une meringue. Mais qu'importe, je vais me marier ! Les invités m'observent de leur prunelles éblouies. Tandis que moi... moi, j'accélère le pas, malgré ma tête haute. La musique s'accorde à mon allure. Et dans mon dos, je sens la présence rassurante de Ellenore. Puis, la délivrance soudain, lorsqu'il apparaît devant mes yeux perdus. Caleb. Souriante, je saisis la main qu'il me tend. Franchis les quelques marches de l'autel. Étrangement sereine. Étrangement... heureuse ?... Moi qui n'osait y croire. Voilà que je le ressens enfin. Le bonheur. Le vrai. L'authentique. L'unique ?...

Les rires fusent à tout va. Le champagne. Et les feuilletés. L'ambiance est bon enfant. Euphorique par moment. Entourée d'Ellenore et de mon – désormais – mari, je prends part à la fête. Les bulles y apportant certainement leur contribution. « Comment j'ai rencontré Ellenore ? A une de ses galeries. C'était la seconde à laquelle je venais. C'est une histoire très drôle. On s'est tous les deux retrouvés enfermés dans la réserve, où elle entreposait certaines œuvres. Et la porte, bien évidemment, ne s'ouvrait pas de l'intérieur. Vingt deux heures on y est resté ! Alors on a eu le temps de sympathiser ! » Rougissant, je dissimule mon nez dans les cheveux de la petite qui se trouve sur mes genoux. Là, elle fait volte face. Me fixe de ses grands yeux bruns. Puis se tortille comme une chenille. « M'man ! Miam ! »

Une nouvelle vie venait de m'ouvrir les bras. Promettant un avenir des plus doux au côté de MA famille. Ma famille...

Seulement... j'étais loin de me douter que la vie que je venais de me tracer m'empêcherait de respirer avec les années. Qu'un certain ennui s'installerait. Me poussant dans les bras de l'associé de mon propre mari. Auquel je mentirais avec excès, sans qu'il ne se perçoive de rien. Que je délaisserais ma fille, la chaire de ma chaire, dans les bras d'une nourrice. Mais surtout... que ma propre sœur m'envierait de manière maladive, un bonheur parfait illusoire....

On dit que le hasard fait bien les choses. Veux-tu que je te dise ? Le hasard à fait que, toi, oui toi, tu fais parti de mon groupe. Tu me ressembles, tu me rappelles ... moi, avant l'accident. Un temps que je regrette, un temps finit et totalement changé. Je suis fière de t'avoir avec moi, par contre, prends garde à toi et de ce côté de moi que tu as. Quoi qu'il en soit, pour le bon fonctionnement de la suite, je te conseille vivement de signaler ton avatar pris, mais aussi de remplir ta feuille de personnage. Par la suite, tu pourras faire tes liens et tes topics. Si jamais il y a un soucis, les absences sont là.

Quoi qu'il en soit, j'admire ton courage à être venu ici, le monde distordu de la pauvre Alice. Monstres et bêtes sans noms te suivront partout. Mais si tu as choisi de faire parti de l'aventure, ce n'est pas pour rien. Je te souhaite bonne chance, Siobhan Gallagher et surtout, ne meurs pas ... A nouveau.