❝ BRUNE BIRD, ça ressemblait à un pseudo de jeu en ligne débile. Mais c'était son prénom, son nom. Brune, comme la couleur de ses cheveux dont le parfum m’obsédait. Bird, comme les oiseaux qui volent dans le ciel, qui te chient sur le pare-choc de ta voiture, aussi. Brune. A chaque fois que je prononce ce mot, c'est comme s'il m'arrachait le bout des lèvres. Comme si mon inconscient, mon désir refoulé voulait m'empêcher de le dire. Comme si ça ne me faisait pas déjà assez mal, de le dire ... Était-ce un secret ? Tout le monde sait que j'étais fou d'elle. Elle m'a rendu dingue, dès la première fois où je l'ai vu. Pourtant, c'était elle la dingue, pas moi. J'avais un train de vie normal, avant de la rencontrer. Métro, boulot, dodo. Et puis elle est arrivée. Elle a débarqué dans ma vie par la grande porte, piétinant tout sur son passage. Elle a apporté de la magie dans ma vie, du bonheur aussi. Elle squattait mon appartement souvent, repartait de temps en temps. Toujours, elle revenait. Elle m'aimait aussi, je le sais. Je le voyais dans ses yeux, lorsqu'elle me regardait, pensant que moi, je ne la regardais pas. C'était beau, c'était jouissif. Mes parents ne l'aimaient pas : ils ne l'ont vu qu'une fois, après tout. Il ne la connaissait pas, comme moi je la connaissais. En fait, personne ne la connaissait comme moi. Elle n'avait que moi dans la vie, je n'avais qu'elle aussi. Et puis ce fut tout. Elle a touché le fond de ma baignoire, elle s'est laissée couler, a tué le poisson. Elle était dingue, mais je l'aimais. ❞

ELLE A COMMENCÉ SA VIE DANS UN CANIVEAU ▬ « C'est très mauvais pour les affaires ça », déclara le proxénète, sur un ton égal. La fille, debout devant lui, baissait la tête. Ses longs cheveux châtains tombaient éparses sur ses épaules, devant son visage d'ange sensuel. On l'appelait Birdy. Mais ce n'était sans doute pas son vrai nom, juste un pseudo pour le travail. Birdy hocha donc la tête, ses cheveux ondulèrent en mouvement. L'homme en face d'elle lui attrapa le bras droit et l'attira contre lui, sans manière. Il l'obligea à redresser la tête, à le regarder dans les yeux. Puis il dit, dans une colère maîtrisée : « Livia m'a dit que c'était trop tard, que tu vas devoir pondre un rejeton. Birdy, j'espère que tu ne t'es pas fait d'illusions. Tu es à moi, donc le gamin aussi. J'en ferais ce que je veux, c'est bien clair ? ». Birdy hocha la tête, en larmes. Le proxénète lui attrapa les cheveux et la poussa à terre. « Trainée », siffla-t-il avant de quitter la chambre, laissant la femme seule, prostrée au sol. Quelques minutes plus tard, une femme un peu plus âgée - la trentaine passée - entra dans la pièce en courant et obligea Birdy à se relever. Elle lui gifla le visage puis lui caressa la joue, au même endroit. « C'était pour te remettre les idées en place. Si tu nous avais averti plus tôt, on aurait pu éviter le désastre. Maintenant, tu vas avoir un enfant. Tu es idiote, mais je t'apprécie. Ce n'est pas le cas du patron, il ne sera jamais tendre avec toi. Heureusement, tu es jolie et les clients t'apprécient. Tu vas avoir l'enfant, et tu repartiras travailler. En attendant, le patron a décidé que tu ferais le ménage dans les chambres, pour te rendre utile. Il ne faut pas que tu deviennes un fardeau », expliqua Livia. C'était elle qui s'occupait des filles, dans l'affaire.

Quelques mois plus tard, dans cette même chambre, Birdy mit au monde son enfant, assistée par Livia et une autre prostituée. Il était impensable de se rendre dans un hôpital, la future mère étant une prostituée, au service d'un homme qui refusait de laisser vagabonder ses donzelles à tout va. Elle ne devait pas quitter le quartier, cela se ferait donc dans le petit hôtel particulier qui servait de coucheries. Evidemment, la naissance se fit dans la plus grande des douleurs, l'hôtel fut secoué des cris de suppliciés de Birdy. Cela attira même le patron, qui se déplaça lui-même pour demander aux femmes de " fermer leur gueule ". Il était vingt-trois heures, et l'endroit était censé accueillir des clients. Finalement, l'enfin vint à naître, braillard et sale. Birdy, elle, était épuisée, perdit même conscience pendant quelques minutes. « C'est une fille », lança Livia, qui s'était improvisée sage-femme pour l'occasion. Elle lava l'enfant, l'habilla et le tendit à la mère. Mais celle-ci refusa de la prendre. « Je ne peux pas ... Il faut la faire adopter », dit-elle. Livia s'esclaffa en secouant légèrement l'enfant sous les yeux de sa mère : « Là, tu m'apprends un truc ma mignonne ! Evidemment, qu'elle sera mise en adoption. Une prostituée ne peut élever un enfant, c'est indécent ». Sur ces paroles, le patron entra dans la pièce. Il avait visiblement compris que l'enfant était né, puisque les hurlements s'étaient tus. Il jeta un coup d'oeil à la mère, puis à l'enfant, toujours dans les bras de Livia. « Une fille ? », demanda-t-il. Livia acquiesça sans un mot. « Ma femme voulait une fille », reprit-il, pensif. Birdy posa un regard de détresse manifeste sur Livia, qui à son tour dévisagea le patron. « Monsieur ? », s'exclama-t-elle. L'homme s'avança dans la pièce, regarda Birdy droit dans les yeux pendant un long moment puis dit : « Birdy chérie, tu ne pourras pas élever l'enfant. Ma femme, elle, le pourra, sans aucun doute. L'enfant sera à elle, à moi. En échange, j'allégerais un peu ta dette. Tu sais, tu me dois beaucoup d'argent Birdy, et si tu ne veux pas finir ta vie dans la rue, il va falloir que tu me rembourses. Tu veux t'en sortir ? ». Birdy hocha la tête en pleurant. « Affaire conclue ! », s'exclama-t-il en sortant une cigarette de la poche de sa veste. « Livia, emballe moi la gamine et demande à Johnny de l'amener à ma femme », ordonna-t-il. « Elle s'appelle Brune ! », s'écria Birdy entre deux sanglots, se redressant brusquement sur son lit aux draps ensanglantés. Le patron s'arrêta au seuil de la porte, attendit un long moment sans bouger. Puis il quitta définitivement la pièce, sans un mot.

C'est ainsi que Brune, fille de prostituée, devint la fille du mac. Brune Bird.

CETTE FILLE, C'EST UN PRÉDATEUR DÉGUISÉ EN CANICHE ▬ Brune avait vingt ans. Elle était grande, élancée, maigre. Ses cheveux bruns étaient emmêlés, tombés sur ses épaules n'importe comment. Mais ce fouillis restait beau. Parce que tout ceux qui gravitait autour de Monsieur Bird, le patron, aimait Brune. Elle était le petit sucre de l'affaire, la touche d'angélisme de ce milieu de bandits. Monsieur Bird n'avait jamais eu d'ennuis. Il aurait même pu passer pour un homme respectable - dans un sens, c'est ce qu'il était. Simplement, il basait son autorité sur sa fortune, sur sa prestance et sa poigne de fer. Il n'était doux qu'avec Brune, qui ignorait par ailleurs qu'il n'était pas son père biologique. Mais c'était sans doute mieux ainsi : qu'aurait-elle pensé si elle avait su la vérité ? Ma mère est une pute, mon père est un pervers. Ce n'était pas réjouissant, elle n'avait pas besoin de ça. Pourtant, elle croisait souvent Birdy. Pour elle, ce n'était qu'une prostituée parmi les autres. Birdy ne lui parlait jamais, la regardait à peine. Si Brune avait les pieds sur terre, surement s'en serait-elle formalisée. Mais non. Brune était naïve, passionnée. Elle était surtout perturbée, malgré une intelligence très poussée.

« Papa, sois gentil », susurra Brune à l'oreille de son père. Ce dernier était assis derrière son grand bureau de chêne massif, Brune était penchée à ses côtés. En face d'eux se trouvait un jeune homme, qui devait avoir un ou deux ans de plus que Brune. Elle ne cessait de l'observer, et plus elle le regardait, plus il l'intriguait. Personne n'avait jamais intrigué la jolie Brune, avant lui. Personne. « Chérie, ce crevard est un journaliste. Il a tenté d'infiltrer le réseau. Il mérite une punition. Tu connais la politique de la maison, ma puce », répondit Monsieur Bird. Brune regarda tour à tour les deux hommes de main de son père - de grands costauds sans cervelles -, qui encadrait le jeune journaliste. Celui-ci ne pipait mot. Il regardait partout autour de lui, comme s'il cherchait à mémoriser chaque détails de chaque recoins de cette pièce. Lorsque ses yeux se posaient sur Brune, ils s'y attardaient un peu plus que sur le reste. Mais toujours, il finissait par détourner le regard. « C'est quoi, ton nom ? », demanda-t-elle à l'attention du jeune homme. Celui-ci parut un peu surpris, mais répondit presque instantanément : « James Parker ». Brune pencha la tête sur le côté, embrassa le cou de son père qui eut un geste agacé. « Faux ! », s'esclaffa-t-elle sans aucune retenue. Le journaliste sembla mal à l'aise. Monsieur Bird, lui, semblait ne plus maîtriser sa colère. « Tu me mens, fils de pute ?! Donne moi ton vrai nom ou je demande à mes hommes de t'exploser la caboche », s'emporta le patron. Brune s'éloigna imperceptiblement de lui, avec une démarche féline. Inutile de perdre son temps à raisonner son père. Depuis toute petite, elle avait le privilège d'assister à à peu près tout ce que faisait son père. Il avait tellement d'hommes à son service qu'il ne se salissait plus les mains depuis longtemps : il donnait les ordres, et c'était déjà pas mal. Brune avait parfois son mot à dire, mais une fois, son père l'avait giflé devant tout le monde lorsqu'elle l'avait contredit. Cela dit, ça ne s'était plus reproduit. Sauf que maintenant, elle se méfiait un peu. « James Parker est mon vrai nom. Et je ne suis pas journaliste. Vos hommes m'ont fouillé, ils n'ont rien trouvé ! Si j'étais journaliste, j'imagine que j'aurais une carte de presse, non ? », se défendit le jeune homme. Monsieur Bird soupira, visiblement exaspéré. « Johnny, Hank, foutez moi ce connard à la cave. Bousillez-lui un peu sa gueule d'ange, peut-être que ça lui fera cracher le morceau ». Johnny et Hank, les deux armoires à glace, attrapèrent chacun un bras du garçon et l'emmenèrent hors de la pièce. L'autre se débattait et hurlait des choses que Brune n'écouta pas. Elle était concentrée sur la vue que lui offrait la petite fenêtre, sur les quartiers malfamés de Londres.

Le soir-même, Brune attendit que son père et ses deux chiens de garde aient quitté l'hôtel particulier. Monsieur Bird rentrait chez lui tandis que Hank et Johnny iraient surveiller les allées et venues des prostituées. Elle avait dit à son père qu'elle rentrerait un peu plus tard chez elle, au risque d'éveiller les soupçons. Mais ce dernier semblait las et fatigué, et n'avait rien dit. Tant mieux. Ainsi, Brune se rendit à la cave, silencieuse et discrète. Quelque chose dans sa tête la poussait à faire ce qu'elle allait faire. Elle descendit les quelques marches, alluma la lumière. Au centre de la cave se trouvait le " journaliste ". Il était assis sur une chaise à laquelle il était solidement attaché, la tête ballante, le visage et les vêtements recouverts de sang. Il avait pris une sacrée raclée, mais Brune avait vu pire. Elle s'approcha de lui et lui tapota la jambe. L'homme s'éveilla en sursaut et poussa un gémissement de douleur. Il leva la tête vers elle, et Brune découvrit son visage sévèrement amoché. Même recouvert de sang, il l'attirait. Sans rien dire, elle l'embrassa doucement. Il se laissa faire, certainement encore un peu sonné. Puis elle dit en s'attaquant à la corde qui le retenait prisonnier : « Ecoute, James - même si ce n'est pas ton vrai nom, c'est clair -, je vais t'aider parce que je t'aime bien ». Le jeune homme la regarda sans réellement y croire. Puis, recouvrant la liberté de ses mains, il murmura : « Luke. Mon vrai nom, c'est Luke. Et je suis bien journaliste, en infiltration. Tu veux toujours m'aider, sachant que mon but est de faire tomber ton père ? ». Brune ne répondit pas et l’entraîna hors de la cave, puis hors de l'hôtel. « Tu sais conduire ? », lança-t-elle en lui jetant des clés, qu'il rattrapa au vol. Luke acquiesça, et Brune lui montra une voiture noire, passe-partout. « Emmène moi chez toi », lui dit-elle. « Merci », répondit-il. « Brune Bird, pour te servir (elle eut un rictus). Tu ne feras pas tomber mon père, en échange je t'aimerais », proposa-t-elle avec un regard langoureux. La proposition semblait incongrue, totalement démente. Mais en démarrant la voiture, c'était comme si Luke avait accepté.

L'AMOUR COMMENCE PAR L'AMOUR ▬ Un an plus tard, dans l'appartement de Luke. Il était huit heures du matin, et Brune était parfaitement éveillée. Elle observait attentivement Luke dormir à poing fermé. Il s'était vite remis de sa raclée, et ses traits étaient redevenus beaux, harmonieux. Brune effleura son visage avec son doigt, tout doucement. Puis elle poussa les draps et se rhabilla, sans faire de bruit. Elle allait se lever du lit, lorsque Luke lui attrapa le bras pour la retenir. Brune sursauta, se retourna. « Ne t'enfuis pas, pas aujourd'hui, s'il te plait Brune », dit-il en la suppliant du regard. La jeune femme se laissa attirer contre lui. Ils s'embrassèrent pendant un moment, jusqu'à ce que la main de Luke descende un peu trop bas. Brune s'écarta avec violence et dit : « Non Luke, je dois aller voir mes parents ». Le jeune homme marmonna quelque chose, les sourcils froncés et la mine boudeuse. Evidemment, Luke n'aimait pas les parents de Brune, et c'était d'ailleurs réciproque. Mais Brune avait ce don qui faisait qu'elle avait fait accepté l'idée à chacun, du moins en apparence. Ils ne se côtoyaient pas, mais personne ne disait rien sur la situation actuelle. « J'ai quelque chose, pour toi », reprit Luke. « C'est quoi ? », demanda Brune avec un sourire de chat. Luke s'accroupit sur le matelas, en souleva le côté droit et attrapa quelque chose. « J'avais caché un petit truc pour toi, entre le matelas et le sommier. C'était le seul moyen pour que tu ne tombes pas dessus. Mais voilà, le voilà. Approche ». Brune monta debout sur le matelas, et Luke resta un genou à terre et lui tendit un petit écrin à bijou. « Épouse moi, Brune Bird », lui dit-il. Celle-ci ne dit mot, mais se laissa tomber dessus pour l'embrasser, le serrer dans ses bras. Puis les caresses de Brune se firent pressantes, plus sensuelles. Finalement, ils firent l'amour, Brune oubliant qu'elle devait se rendre chez elle. Elle était désormais fiancée.

underco

C'EST NOTRE VIE, ET ELLE S'ACHÈVE MINUTE APRÈS MINUTE ▬underco

Wouahou, je ne connais pas cette demoiselle mais elle est vraiment très belle Et j'adore ton prénom, très original Je te remercie de ton inscription et puis bonne chance pour ta fiche !