Viktor Schwarzengel

« So I would never want to wake up from you »

RACONTEZ NOUS VOTRE MORT : La mort... enfin. Depuis le temps qu’il rêvait de cette libération ! La mort, c’est comme le génie dans la lampe, voyez-vous ; elle est là pour réaliser tous vos fantasmes les plus inconcevables dans le monde dit réel. Adieu prison de la morale, des lois et de la rationalité ; bonjour la postériorité idyllique sans frontières ! La mort, il la vénérait comme un dieu. Il l’appelait, il l’attendait. Et un jour, elle est venue à lui. Bon, d’accord – elle n’est jamais vraiment arrivée d'elle-même, c’est lui qui l’a provoquée. Mais quand même ! L’important, c’est qu’elle a fini par frapper. Ça s’est passé une nuit, dans un atelier miteux de Whitechapel. Il avait bâillonné une quelconque prostituée qu’il avait emmenée de force et l’avait attachée sur une table en bois avant de retirer sa capuche et lui dévoiler son vrai visage. Les pupilles de la fille se sont dilatées, elle essayait de hurler tandis qu’il lui souriait macabrement. Il a commencé à déshabiller sa victime, puis il s’est emparé des couteaux qu’il avait pris soin de bien effiler ; c’est avec une maladresse bien dissimulée qu’il s’est mis à percer la peau de la catin au niveau du thorax, entre les deux seins, avant de poursuivre son tracé jusqu'au nombril. Il exerçait son art doucement, passionnément. La demoiselle n’a pas pris trop de temps avant de laisser sortir son dernier souffle. C’est là qu’il s’est mordu la lèvre avec envie : en voilà une troisième éventrée, une troisième à qui il venait de faire le cadeau qu’il espérait tant recevoir lui-même ! Et puis il s’est enfin dit que si personne ne voulait se montrer aussi généreux, il se rendrait service tout seul. Résultat de cette nouvelle résolution : il a plongé sa main dans le bain rouge qu’était le cadavre et en a retiré les organes. Il les a tous bouffés tout crus, accompagnés de modestes gorgées de sang. Oh, un vrai zombie diriez-vous. Sauf que quand son cœur s’est arrêté de battre, il ne s’est pas relevé pour dévorer davantage. Il est resté couché avec un intérieur bien bousillé.

QUE PENSEZ-VOUS DU PAYS DES MERVEILLES ACTUEL ? : Le pays des Merveilles portait très mal son nom. On aurait dû l’appeler pays des Cauchemars… Jusqu’à ce que survienne l’accident d’Alice. Cet événement a été une pure merveille, et c’est finalement le cas de le dire ! Là, les choses ont changé et sont devenues largement plus intéressantes. Elles sont une bonne fois pour toutes propices au jeu, au combat, à la décapitation. Observer le paysage coloré et vivant d’autrefois devenir noir et déchaîné… Il en est tout exalté. C’est pire qu’un enfant à qui on fait découvrir l’aire de jeu du Mc Do’ pour la première fois. À chaque nouveau réveil, lorsqu’il ouvre les yeux et réalise qu’il se trouve encore dans ce monde étrange mais palpitant, il ne peut s’empêcher d’honorer la ruse qu’il avait employée pour attirer la mort jusqu’à lui.

QUEL EST VOTRE ENDROIT PRÉFÉRÉ DANS CE PAYS ? : Le bateau fantôme. Quoi, vous pensiez que les cadavres qui s’y trouvent sont ceux de malheureux noyés innocents et malchanceux ? Ok, il y en a peut-être quelques uns parmi ceux-là qui ont effectivement succombé au sort cruel de la nature en colère. Mais l’idée ne vous est-elle pas déjà venue que certains de ces corps, presque encore roses de leurs derniers jours, auraient été assassinés par… disons… un être vil et dangereux qui les aurait ensuite cachés dans le tas ? Quelle intrigue intrigante aurions-nous là ! Ah, mais cessez de dévisager ce mystérieux jeune homme aux tatouages extravagants qui erre parfois autour du navire en quête de tranquillité – il n’y est pour rien… je crois.

Journal de V.S. – 5 ans et 3 mois avant la mort.

Les gens m’ont toujours dit que si la population de la terre entière rajeunissait au point de redevenir le nouveau-né à peine sorti du ventre de sa mère, chacun de ces êtres serait l’égal des autres. Image à la con pour me faire comprendre que le dieu auquel j’étais censé croire faisait commencer tout le monde à la même case départ. Il donnait la même chance à tous – celle de vivre sa petite vie en personne de tous les jours avec un entourage de tous les jours et des besoins de tous les jours. Il donnait cette chance à tous, oui – y compris moi. On s’est donné un mal de chien pour me faire croire à ces foutaises. Et pendant longtemps, ça a marché.

Naissons-nous différents, ou le devient-on ? Il n’y a pas de réponse. Ou c’est : les deux. On s’en fout, la merde reste la même. L’important, c’est que je sois comme ça - différent. Un marginal. Un freak. Et si cette chose dont je suis atteint ne s’est pas formée en même temps que tous les autres gènes de mon ADN, alors c’est que je suis soumis à elle depuis mes plus vieux et sombres jours sur cette planète. Voyez ? Y’a pas de différence.

N’essayez pas, comme mes géniteurs, de me faire croire que ma condition est quelque chose de normal. Ne venez surtout pas me faire croire que je suis normal. D’accord, tous les jeunes sont excités par les films d’horreur macabres à n’en plus finir. Mais vous croyez, vous, que c’est normal de regarder vos camarades pendant que Les origines du mal passe à la télé, et d’avoir follement envie de leur mordre la chair pour satisfaire la faim obscure qui titille le plus profond de votre esprit ? Et que ce soit aussi normal, pour l’enfant que j’étais encore à ce moment, de contenter cette envie morbide en allant tuer les chats et chiens des voisins pour les couper en pièces et en goûter le sang ? Moi, en tant que conscience ignorée, je trouve que c’est dégoûtant. Tout le reste de mon Moi trouve que c’est magnifique, fascinant, ragoûtant.

Je n’y peux rien. Encore aujourd’hui, je suis sous l’emprise de ces pulsions sanguinaires. Bien sûr, je n’ingère pas beaucoup, seulement une ou deux gorgées… mais je pense que mon organisme est plus tolérant que la normale pour ce genre de choses. Mes parents ne sont pas dans l’ignorance, mais ils foutent rien, ceux-là, à part retenir leur souffle lorsque je rentre avec du sang d’animal sur les mains et autour de la bouche. Ah oui, à l’occasion, ils se jettent sur moi en pleurant et en me « consolant » que cela fait partie de ma phase d’adolescence et que cela finira par passer (parce qu’il y en a beaucoup, des p’tits gars de seize ans aux tendances carnassières). En tout cas, ils ont jamais voulu m’emmener chez un médecin, encore moins chez un psychiatre. J’crois qu’ils ont trop peur que la vérité leur éclate en pleine face : je suis malade. Pourquoi, dans ce cas, suis-je le plus lucide ? Si je sais que je suis malade, cela ne veut-il pas dire plutôt que je ne le suis pas ?

Journal de V.S – 5 ans et 1 mois avant la mort.

Je me suis coupé les veines pour goûter à mon propre sang. Ça fait changement. C’est comme l’alcool ; à force d’en prendre, on s’habitue. Je pourrais m’y noyer comme je me noie dans la solitude.

Journal de V.S. – 4 ans et 9 mois avant la mort.

Je rêve de vivre dans un film d’horreur. Je rêve de pouvoir être l’un de ces monstres, vampires, zombies. Au moins je ne le serais pas qu’à moitié.

Je me demande ce que je suis. Suis-je même humain ? Des fois, je me sens mort à l’intérieur. Je ne fais qu’occuper cette enveloppe charnelle, sans plus. Je la laisse assouvir ses envies sans rien diriger.

À l’école, personne ne sait. Personne ne doit savoir. Je m’exclus volontairement des autres. J’pense pas qu’il y ait plus de deux ou trois personnes qui connaissent mon nom. Tant mieux. Le jour venu, je pourrai partir en paix, et personne ne s’en souciera. Comme on dit en anglais : they won’t give a fuck.

Journal de V.S. – 4 ans et 8 mois avant la mort.

Première tentative de suicide. Putain, j’ai raté mon coup. Je suis décidément prisonnier de cette vie à l’eau de rose qui me donne envie de me vomir les tripes.

Journal de V.S – 2 ans et 3 mois avant la mort.

En deux ans et demi, j’ai complètement changé. Je ne suis plus la même personne, littéralement. J’ai eu cette idée folle, encore plus folle que toutes les autres liées à la chair et au sang. J’ai réalisé un souhait par moi-même ; je me suis transformé en monstre. Même pas eu besoin du génie d’Aladdin.

Mes parents n’ont même pas dit un mot. Toujours cette mentalité de « c’est l’adolescence… ». Comment peuvent-ils réagir ainsi quand leur fils unique s’est enlaidi de la sorte… ? J’ai fait comme s’ils s’étaient mis en colère. J’ai fugué, je suis parti loin, loin, loin. De toute façon, je suis adulte maintenant. J’en avais besoin.

C’est drôle parce que dernièrement, je peux me regarder dans le miroir… et m’aimer pour qui je suis. Peut-être qu’en fait, je suis un monstre. Peut-être que je dois simplement commencer à l’assumer à part entière.

Journal de V.S – 1 an et 10 mois avant la mort.

Pour l’instant, je n’ai pas quitté le pays, mais j’y songe. Je dois seulement trouver le bon moment… et le bon moyen de franchir la frontière gratuitement. En attendant, je vis dans le guetto. C’est pas si mal.

Journal de V.S – 1 an et 7 mois avant la mort.

J’ai tué quelqu’un. Une vraie personne. Une femme. Et pas n’importe laquelle – la fille d’un politicien. Me demandez pas comment et pourquoi elle se trouvait au milieu des putains du guetto, j’en sais rien. En tout cas, elle était attirée par mes tatouages et voulait qu’on passe du bon temps ensemble. J’ai pas refusé. Elle était bien sexy. Peut-être trop, parce que les symptômes de ma maladie ont encore frappé. Ça faisait longtemps depuis la dernière fois… En fait, depuis mes modifications corporelles, ça avait un peu arrêté. Mais là, la reprise a été violente. Et y’a eu des témoins.

Je suis officiellement recherché par les autorités allemandes et considéré comme criminel extrêmement dangereux. Je dois quitter le pays, et vite.

Bordel de merde. Ouais, j’ai sérieusement merdé. J’ai de la merde jusqu’au cou, tiens !

Journal de V.S – 1 ans et 5 mois avant la mort.

Par miracle, je suis un clandestin en Irlande (je ne raconterai pas toutes les étapes que j’ai franchies pour y parvenir). Je me suis aussi trouvé une planque temporaire. J’ai rencontré un gamin du nom de Kasper, qui m’a offert son hospitalité. Il vit avec son frère, Fran-quelque-chose. J’ai pas compris et j’ai pas demandé.

Je semble impressionner le jeune. L’autre me balance des regards de travers de temps en temps, mais j’en suis complètement indifférent : je ne crois pas que ni l’un ni l’autre ne va me dénoncer. Pour l’instant ils savent à peine qui je suis. Je dors chez eux et c’est tout.

J’ai un meurtre sur la conscience. Et ça claque plus fort que je ne l’aurais cru.

Journal de V.S – 1 an et 2 mois avant la mort.

Je commence à me rapprocher des deux frères. Enfin – rapprocher est un mot énorme pour ce qui doit être représenté… Ou alors, ce n’est que dans un sens. Genre, je parle et ils m’écoutent parler. Ou je parle tout seul et tout le monde s’en fout. C’est pas grave. Ça me fait du bien.

J’ai besoin de m’ouvrir, de m’amuser, de vivre avec des gens. Ma maladie ne me rend pas la tâche facile. Je ne suis pas un être insensible, au fond. Quel être insensible tiendrait un journal ? Je suis un brin paradoxal, c’est vrai. Des fois je suis effrayé de mes propres pensées tellement elles relèvent d’une cruauté malsaine.

J’en ai marre. Je veux que ca finisse. Je veux crever pour de bon.

Dans une autre vie, peut-être que je serai plus heureux... si seulement ce monde ne me retenait pas contre mon gré.

Journal de V.S – 1 an et 1 mois avant la mort.

Les frères sont partis en Angleterre, je ne les ai pas suivis. Ils m’ont fait grâce de leur cachette. Je ne sais même pas comment je me sens par rapport à leur départ. Triste ? Soulagé ? Content ? Indifférent ? Abandonné ? Non… rien de ça. Tout ce que je sais, c’est que c’est le retour à la vie en solitaire.

Journal de V.S – 11 mois avant la mort.

Je me suis à mon tour rendu en Angleterre, parce qu’en réalité, je n’aimais pas l’Irlande. Y’a même pas de raison. Des fois on aime ou aime pas quelque chose et ce n’est que le cœur qui prend cette décision…

J’ai cherché un peu, mais personne n’a entendu parler ni vu de Kasper et Franciszek Mikolajczak. Bon, tant pis.

Journal de V.S – 5 mois avant la mort.

Cela fait deux mois que j’ai été engagé dans un cirque underground à l’ambiance plutôt noire, qui donne des représentations sur invitation chaque jeudi à minuit sonnant. Étonnamment, je m’y plais assez pour y prendre plaisir. Les autres membres du cirque sont aussi « dérangés » mentalement que moi. Même que certains ont des fétichismes assez étranges. J’ai l’impression de m’être trouvé une place en attendant de me retrouver six pieds sous terre.

Apparemment j’étais assez introverti au départ, mais les gens me disent que je commence à sortir de ma coquille. D’ailleurs je songe à brûler ce journal. Il ne me représente plus et je me sens complètement con de continuer à noircir ces pages.

* * *

Note de la narratrice:

Chers lecteurs, lectrices.

C’est à partir d’ici que l’on perd toute trace écrite de Viktor Schwarzengel, aka le mort-vivant de Londres. Nous n’en aurions probablement aucune si, comme il l’a mentionné dans sa dernière entrée, il avait vraiment décidé de brûler son journal au lieu de simplement le balancer à la poubelle. Heureusement que je passais par là. *soupir*

Pour la suite, j’ai pu entrer en contact avec une source qui prétend tout savoir sur la vie de ce mystérieux jeune homme. Avant de poursuivre avec le reste, on va donc commencer par reprendre l’histoire du début, si vous le voulez bien. Bien sûr, je ne répéterai pas ce qui a déjà été mentionné par Viktor lui-même, je rajouterai seulement quelques informations susceptibles de vous intéresser.

Ce pauvre enfant est né au sein d’une famille de classe moyenne, qui possédait les revenus nécessaire pour vivre convenablement. Ce qu’il n’a jamais su, c’est qu’il n’est pas le premier-né de sa mère : cette dernière avait déjà accouché d’un garçon, sept ans auparavant. Il est mort d’un cancer alors qu’il n’avait pas quatre ans. Les deux parents ont eut beaucoup de mal à supporter l’événement et ont posé le blâme sur l’incompétence des médecins. Du coup, lorsque monsieur et madame Schwarzengel ont découvert l’inquiétant problème de leur second fils, ils ont préféré fermer les yeux. Viktor ne tombait jamais malade malgré les bactéries que l’on pouvait retrouver dans ses « collations » et ne semblait pas en danger de mort.

Quel était son problème, d’ailleurs ? Personne ne peut affirmer quelque chose avec certitude. D’après les informations que j’ai pu récolter ici et là, on dirait un mélange entre une sorte de schizophrénie, un trouble obsessionnel compulsif et le syndrome de Renfield (vampirisme clinique). Il est même étonnant que ce jeune ait réussi à ne pas perdre complètement la tête (durant la période du journal, du moins), étant donné les circonstances.

Ce qu’il s’est fait tatouer autour de ses 18 ans est assez impressionnant. Il s’est littéralement métamorphosé en zombie grâce à l’encre qu’il s’est fait injecter du sommet du crâne jusqu’aux petits orteils. Oui, son visage y est aussi passé. Il est devenu un squelette ambulant, un corps en décomposition. Comment il a réussi à s’échapper des autorités allemandes et à voyager entre l’Irlande et l’Angleterre tout en restant passablement inaperçu demeure un mystère pour nous tous.

Le cirque qu’il a intégré lors de ses derniers jours se nomme le Bloody Moon Corpses, abrégé BMC. Cadavres sanglants de la lune. Ça vous donne une idée de l’ambiance même qui plaisait à notre cher Viktor. Je trouve assez peu de renseignements au sujet de ce cirque. Tout ce que je peux dire est que ses membres étaient tous des criminels. Je n’emploierai pas le mot « anciens » ou « réhabilités », car j’aurais moi-même du mal à y croire… mais qui sait. Vous vous douterez bien que le rôle de Viktor, dans ce cirque, était d’effrayer, de dégoûter ou de fasciner le public en mangeant de la viande crue sous leur nez.

Il est demeuré au sein de la troupe durant six mois. Il le dit bien lui-même, il s’y sentait à sa place. Remarquez qu’au long du journal, il s’exprime comme un ado dépressif et suicidaire. Même à la fin, alors qu’il affirme avoir changé, on le sent encore accablé. Cependant, on raconte que peu avant la dispersion des membres du BMC, il allait de lui-même vers les autres, et il souriait. Certes, il n’était pas le clown de service, son humour se situant plutôt du côté noir et de l’ironie. Mais il donnait l’impression d’apprécier les gens… à sa manière.

Les nuits de folies du BMC ont cessé lors d’un débarquement soudain de la police, en pleine représentation. Il fallait être bien ignorant pour penser que les activités de ce cirque étaient légales. Fait difficile à croire mais bien vrai : Viktor, qui avait droit à un répit de quatre numéros – soit une dizaine de minutes au moins – en avait profité pour sortir du chapiteau et s’éloigner dans le bois d’à côté. Il devait se vider la vessie. Alors qu’il revenait à temps pour son numéro, il a aperçu les voitures de police. Il s’est enfui dans la direction opposée, laissant derrière lui la seule famille qu’il ait connue.

Il a subit une grave rechute par après. Il est retourné vivre dans la rue, se nourrissant de tout ce qu’il pouvait trouver, dormant là où il pouvait trouver un coin isolé. Ce qui est arrivé un an et demi plus tôt avec la fille du politicien s’est reproduit. La première fois, c’était un accident. Cette fois, ce l’était plus ou moins. C’était surtout un acte de désespoir et de folie. Notez que Viktor Schwarzengel avait trouvé auprès du BMC son jardin d’Eden. Et on le lui a enlevé.

Il avait cette manie de cisailler l’abdomen de ses victimes. Je ne crois pas qu’il y ait de raison précise derrière cela, à part un sadisme qu’il ne pouvait contrôler… L’assassinat de la femme a cette fois paru dans les journaux anglais, et on parlait d’une mauvaise blague en rapport avec le tueur anonyme du XIXe siècle. Vraiment, je ne suis pas convaincue qu’il était dans les intentions de Viktor de s’approprier le titre de Jack l’Éventreur.

Là où il est vraiment tombé de haut, et où il ne s’est plus relevé, se passe à peine quelques semaines plus tard. Le mort-vivant n’aspirait maintenant plus qu’à la mort. Cette fois, il s’est délibérément choisi une victime. Ses intentions étaient clairement de la tuer. Comme pour ses deux premiers meurtres, il l’a éventrée. Mais contrairement aux autres, il ne s’est pas arrêté là. Il a dégluti tout l’intérieur du cadavre et en est mort un peu plus tard.

Lui qui voulait quitter ce monde depuis si longtemps… il a finalement réussi. J'espère pour lui qu'il a trouvé dans l'au-delà ce qui l'empêchait d'être heureux parmi nous.

Et quant à moi maintenant, il ne me sera jamais possible d’espérer un jour l’interroger personnellement. Quel dommage...