desperate scream

« Docteur… Serait-ce la fin pour cette enfant, elle est si jeune… » « Non Janys, nous ferons tout pour la sortir de cet état. Nous la sauverons au moins de ‘ça’ ! » La machine bipait dans une cadence infernale, le son tonitruant résonnait dans tout le couloir ; effrayant les autres patients qui séjournaient là. Le personnel médical s’afférait autour du lit immaculé dans lequel repose la douce Alice. Si calme, si paisible… Qui pouvait croire qu’un tel malheur arrivait à son corps fragile et immobile. Les infirmières couraient en tout sens jusqu’à en perdre haleine, le médecin en charge appelait deçà delà toutes les personnes dont il avait besoin pour cet instant… Les brancardiers arrivèrent avec empressement et sans plus de ménagement, ils apportèrent le lit de la Belle au pays Dormant. Les roues sur le sol lisse crissaient aux moindres mouvements du brancard, mais qu’importe, il fallait agir vite.

La salle était maintenant close, le chirurgien derrière le drap tendu semblait serein mais quelque peu fébrile. « Alors commençons l’opération ! » Les masques bleus ne laissaient rien transparaitre des émotions, seulement le son de leurs voix. « Quand est-ce arrivé ? » « Il y à 30minutes à peu près. » « Nous sommes donc encore dans les temps… Espérons qu’elle puisse ten… » « Docteur ! Sa pression intracrânienne augmente encore ! Elle ne supportera pas plus longtemps ce traitement ! » Les mains moites et tremblantes retombèrent le long du corps droit du chirurgien, ses doigts se crispèrent alors que sa voix retentit à nouveau. « Alors nous n’avons plus le choix, donnez moi la scie à os ! » Le bruit était terrifiant et sinistre. La peau se décollait d’elle-même, attirée par la gravité vers le sol de l’hôpital ; Le crâne cédait facilement sous la houlette de la scie manipulée par le chirurgien concentré. Lorsque le tour fut terminé, d’une main, il retirait le haut du crane de la tête ; laissant couler par terre le sang encombrant le cerveau de la jeune fille. « Ainsi il ne fallait que cela… » « Est-elle sauvée ? » « Oui, son hémorragie cérébrale est traitée. Elle survivra. » Pour l’instant c’était bien le cas… Pour l’instant.

Tout va tellement vite, je n'arrive plus à suivre ce qui se passe. Mais, ce que je sais, c'est que j'ai mal, tellement mal. Ma tête est compressée, mais je ne peux pas dire: laissez-moi mourir. J'aimerais tellement ne plus être là, être dans le véritable monde des morts, ne plus rien ressentir. Pourquoi s'obstiner à vouloir me laisser en vie ? Dites-moi pourquoi, je vous en supplie. J'ai tellement mal, tellement mal. Une douleur oppressante, affreuse. Le pire est surement de se dire: c'est ta faute Alice, cet accident, c'est toi qui l'a provoqué et maintenant tu en pais le prix. Laissez-moi partir, laissez-moi mourir. J'aimerais hurler, j'aimerais leur dire d'arrêter mais je ne peux pas, mon corps est mort, pourtant mon cerveau, mon âme continue de survivre. Pourquoi ? Dites-moi à quoi bon continuer ? J'entends des bruits, les médecins parlent d'un côté, d'un autre. J'entends le mot de scie à os et ce bruit qui transperce mes tympans d'une façon ignoble. J'aimerais hurler ma douleur, mais je ne peux pas. Le bruit crissant de la scie transperce mes oreilles, le sang coule à flot au sol. Mon corps ne peut hurler, mais mon âme, elle le peut. Et j'ai hurlé, j'ai hurlé jusqu'à l'agonie.

Ce hurlement, tout le monde au pays des merveilles l'a entendu. Il a provoqué un tremblement de terre. Des monstres sont sorti des enfers pour attaquer le village des champignons, la rivière des larmes est sortie de son lit et est devenue rouge comme le sang qui sortait de la tête d'Alice. Des nouvelles bêtes, des nouvelles têtes. Et par le plus grand des bonheurs, un ancien habitant du pays des merveilles est revenu. Mais, totalement changé, parait-il qu'il a des nouvelles saveurs pour son thé, parait-il qu'il voit tout différemment. Avant, on le disait fou, maintenant ... il est malsain. Le château de la reine blanche est arrivé d'on ne sait où, mais sans la reine sur son trône. Parait-il qu'on entend parfois cette pauvre Alice, hurler jusqu'à la mort, pendant quelques affreuses minutes. Serez vous capable de survivre dans le pays des merveilles, maintenant ?