Candice Pieszecki

« L'Enfer, c'est les autres. »

RACONTEZ NOUS VOTRE MORT :

Bien que les années s'enchaînent, le trac est toujours le même lorsqu'il faut monter sur les planches. Le noir. Le rideau. Puis le projecteur et les choix du metteur en scène qui vous précipitent face à plusieurs centaines de regards qui sont là, en partie pour vous. Mais c'est le personnage qu'ils veulent voir, et rien d'autre. Juliette Capulet. Voilà quel était mon rôle. L'Histoire, vous la connaissez. Un Amour impossible entre deux jeunes amants que tout oppose, mais réunis par leur passion incontrôlable.
Il paraît que je suis belle, dans ma robe écarlate. Mes cheveux bruns, ondulants, effleurant mes épaules dénudées. Depuis le début de notre tournée, nous connaissions un succès considérable. La mise en scène est au goût du spectateur qui ne semble pas se lasser de cette pièce, vu et revue, mais écrite d'une main de maître par le respectable William. Ce soir, et pour quelques soirs encore, nous nous trouvions à Londres, dans l'un des plus prestigieux établissement de la ville. Qu'importe.
La pièce s'enroule et se déroule. Les noeuds se mêlent et tendent à se démêler comme l'entendent les principes de la Tragédie classique.
Le billet qui ne parvient pas aux mains de Roméo. Juliette comme morte, grâce à la botanique du frère Laurent. Le caveau des Capulet à Vérone. Roméo qui avale la fiole de poison, acheté précédemment à l'apothicaire. Juliette qui se réveille quelques instants seulement après que le dernier souffle de son amant ait effleuré sa peau blanche comme le lait. Et la mise ne scène moderne, qui veut qu'un pistolet remplace le poignard d'origine. L'acteur qui joue Roméo est là, si près de moi, que je sens encore son souffle sur ma main. Moi seule peut ne pas croire à l'illusion. Il n'est pas mort non. La mienne me fait peur. La détonation est toujours fausse bien sûre, mais le bruit est assourdissant pour moi, et mes oreilles bourdonnent ensuite; et cela perdure, même bien après que les applaudissements des spectateurs enthousiastes se soient évaporés. Je retiens ma respiration. Le dernier baiser. Le dernier instant. Je ferme les yeux et crispe mon index sur la gâchette. Allez Candice, ce n'est que du théâtre, que de l'illusion.
Oui. Mais voilà. Cette fois, je n'ai pas cette sensation de bourdonnement. Cette fois je n'entends rien. Et pourtant .. Il y a bien une euphorie dans la salle. Celle de la panique, face à cette soudaine giclée de sang, bien trop importante pour qu'elle soit partie intégrante du jeu. Non, ce liquide vermeil qui se répand peu à peu sur le bois de la scène et qui macule le visage du dit Roméo est bel et bien mon sang. Celui qui faisait fonctionner la mécanique du corps. Voilà Juliette inerte, au coeur du caveau famillial. Et moi, Candice .. malgré cette mort inattendue sur les planches à l'instar de Molière, jamais ma carrière n'aura eut l'envergure de la sienne..

QUE PENSEZ-VOUS DU PAYS DES MERVEILLES ACTUEL ? : Il est paradoxal. Car à mon sens, il a quelque chose de fascinant mais à la fois de diaboliquement effrayant. Ce qui me déstabilise au fond .. C'est que je ne sais comment je suis arrivée là. Serait-ce là une nouvelle scène pour la compagnie de théâtre à laquelle j'appartiens? J'a..ppartenais? Je ne retrouve plus les autres. Mes collègues et amis. M'auraient-ils oubliés? Serais-je seule, dans cet univers étrange et captivant?

QUEL EST VOTRE ENDROIT PRÉFÉRÉ DANS CE PAYS ? : Quel meilleur endroit en ce pays, que la Falaise Blanche? Un peu isolée, j'aime beaucoup m'assoeir sur ses rebords pour observer en contrebas, le domaine du chapelier. C'est le plus souvent en cet endroit, que je m'abandonne à mes rêveries, et mes angoisses ..

raconte moi une histoire

« Tu sais chérie, maman est malade. Tout se passera bien. Mais si un jour il m'arrive quelque chose, il faudra que tu prennes soin de papa, d'accord ? » Je me souviens encore de sa douce voix, alors qu'elle prononçait ces mots si durs, notamment pour deux petites oreilles d'à peine 11 ans. Et ses grands yeux noisettes, aimants et bienveillants, sur la frêle silhouette de sa fille.,
Cette annonce douloureuse, cette bombe à retardement qui venait d'être déposée au cœur de la famille, ne cessa dès lors de faire entendre son insupportable et entêtant 'tic-tac'. Au fur et à mesure des jours, la maladie laissa ses traces. Des traits tirés. Des angoisses. Des espoirs. Une autre vision de l'Existence. Des séjours en hôpital. Des appareils d'assistance respiratoire. La perte des cheveux..
Et, malgré un vaillant et énergique combat, un jour, le retardement arriva à son terme et la bombe explosa, commençant à détruire la famille. Lily mourut et la douleur de cette perte fut terrible pour le père Aaron et ses deux enfants Esteban et Candice.
Le village débordait de voitures. Le cortège était grand, immense. A en donner le vertige. L'Eglise semblait insolemment étroite. Trop de personnes étaient présentes cependant. Certaines à tort. Et au milieu de cette relative marée humaine, il y avait Candice. Candice qui suivait le cercueil, le visage bas. Elle reconnaissait bien la plupart des gens, lorsqu'elle relevait la tête. Mais les lueurs dans leurs regards lui faisaient presque peur. Au cœur de cette profonde noirceur, cette mélancolie d'antan, les souvenirs d'avant, il y eut des larmes, beaucoup de larmes. Plus ou moins sincères. Certains étaient là par circonstance, pour se donner bonne conscience. Et du haut de ses hauts 12 ans, Candice ne comprenait pas une telle hypocrisie.
Déjà réservée de nature, la jeune fille se renferma, peut être plus qu'elle ne l'aurait voulu. Elle ne chantait plus autant qu'avant, comme elle adorait le faire, et son visage respirait la tristesse, les sourires se faisant beaucoup plus rare. Aussi, son regard se teinte d'une lueur de mélancolie, qu'elle garde encore aujourd'hui. Au delà de tout, elle n'eut pas le choix et du apprendre à grandir avec l'absence. Persévérante, l'adolescente restait persévérante et optimiste, soucieuse de réussir ses études. Et ce, malgré le second coup de massue dont elle fut la cible lorsqu'elle apprit, avec le reste de ses proches, qu'à son tour, son père était malade. Miné par le décès de sa femme, Aaron semblait inconsciemment, vouloir marcher dans ses pas. La spirale les aspirait à nouveau, et la lutte reprenait à nouveau, non sans faire, parfois, de lugubre écho aux années précédentes.
Néanmoins, le tyrannique cancer, semblait, cette fois, plus 'clément' si l'on peut le qualifer ainsi. Les années passèrent et les enfants grandirent. Esteban, de 4 ans l'aîné, fit de sa passion, son métier. Il se retrouva donc, après quelques péripéties, bassiste dans un groupe internationalement reconnu. Quant à Candice qui avait pour passion la danse et le théâtre parvenait à accorder ses deux passions à ses études. Elle s'en sortit de manière on ne peut plus correct et s'inscrivit au Cours Florent, école française de théâtre très réputée. Diplomée en trois ans, elle revint près de son père, afin qu'il puisse se reposer quelque peu sur ses épaules. Parallèlement, elle reprit avec ferveur la danse, qu'elle avait quelque peu mis de côté.
La jeune femme, désormais âgée de 23 ans, consacra une année entière à se perfectionner, tout en veillant sur son père, dont la santé commençait à être plus tangible. Et tout se détraqua rapidement par la suite. A nouveau, Candice mis entre paranthèse ses projets, dont celui de l'audition qui aurait pu la porter sur scène, aux côtés de son idole Michael Jackson. Même si, bien qu'elle en rêvait, elle n'avait de réels espoirs.
Tant mieux, en quelque sorte, puisqu'elle abandonna pour veiller son père. Le conduire à ses rendez -vous, dont les bilans étaient de plus en plus pessimistes. Et quoi qu'on en dise, quel que soit le temps que cela prenne, jamais personne n'est préparé à la mort. Et à l'image de sa femme, Aaron s'était battu comme un lion, pendant la totalité d'une décennie.
La brise emporta ses cendres, et la jeune Candice se trouvait désormais orpheline, quasiment livrée à soi même. Pour oublier cette profonde douleur, ce vide insoutenable et ces larmes incessantes elle rechercha activement une place dans une compagnie de théâtre. Pour être honnête, cette initiative n'arrivait à prendre forme et sa motivation et sa persévérance tendaient à s'essouffler. Mais son frère l'engagea sur quelques pistes, et lança la carrière de sa sœur de façon fulgurante.

Maintenant, lorsque je me souviens de cette année de galère, je n'ai finalement, qu'un seul mauvais souvenir : Il y eut une nuit .. un regard, qui changea tout.. Il se prénommait Gabriel. Un ange. Oui, sans doute. Il en avait les traits. C'était peut être une erreur. C'était à double tranchant que cet amour naissant. C'était une erreur. & pourtant.. il savait m'offrir un peu de cette douceur perdue. Je me suis accrochée à son cou avec autant de force qu'un brin d'herbe dans la Terre. Si fort en apparence, mais si facile à arracher?.. La peur de se livrer, de se donner me tiraillait les entrailles. Il me servait tout sur un plateau d'argent. Il me promettait dans des murmures, des jours heureux, des jours luxueux.
Il voulut s'installer à Los Angeles. La cité des anges. Ma ville natale disait il. Oui.. Non. Je ne veux pas tout ça, je ne veux pas quitter cette maison, mon cocon. Elle est ma boîte de Pandore. Là où tout se rassemble. Pour moi. Mais je ne peux .. lui refuser. Alors on embarque. On s'envole. Et moi je me perds dans les nuages. Je ne veux pas cette vie de princesse.. Je veux juste, de la tendresse? Car il n'est pas.. Tendre. Des paroles, beaucoup. Mais des gestes, si rares. Et il se fait si brutal quand il me fait l'amour. Il est cru, vulgaire. Il me fait mal. Mais lui il jouit. Moi je pleure, quand il s'endort.
& voilà que sa recommence. Ses coups de hanches dévastateurs. & le reste.. Je n'ai pas le coeur à ses ébats. Je ne l'ai plus depuis longtemps. Il n'y a que l'enveloppe qui bat. Au coeur du coeur, tout est mort. Et Gabriel qui ne semble pas comprendre. Alors je plonge mes prunelles dans les siennes, comme pour retrouver une tendresse fantomatique. Mais il y a une lueur qui me dérange, il y à une lueur qui me transperce. Il est dur, il est violent. Son visage est déformé par la colère. Je suffoque. Il me fait tellement mal. J'ai peur. Peur de lui. Je veux arrêter, qu'il arrête que tout .. s'arrête. Mais il me sert contre lui, m'étouffe presque sous sa force. Il se retire enfin et j'éclate en sanglot, tremblante. Je ne le vois plus, je crois qu'il est là pourtant. Il me vocifère de me taire, dans des termes toujours plus vulgaire. Je ne comprend pas. Il se rhabille je crois. J'entends le cliquetis de sa ceinture. Et le silence se fait. J'ai entendu la porte claquer. Il est partit. Et malgré mon traumatisme, je suis soulagée. Continuant de sangloter, je me précipite sur les verrous de ma porte. Je m'enferme dans ma tour. Je m'effondre dans le coeur glacial de ma carapace.. Pourquoi? Je ne comprends pas, cette haine. Peut être un jour. Car bien qu'il soit clairement mort pour moi, je ne pourrais faire comme si cette soirée n'avait pas eut lieu. Cet homme allait me hanter à jamais.

Depuis ce jour, je ne veux plus entendre parler d'Amour. De toute manière, ça n'existe pas, l'Amour. Allez au diable, avec votre romantisme à faire vomir .. !

HORS-JEU

PSEUDO: Anne Cha' AGE: 20 ans. COMMENT TROUVES-TU LE FORUM ? Vraiment très agréable. Il est très engageant ! COMMENT L'AS-TU DÉCOUVERT ? Grâce à Elleonore. (: ACTIVITE: 3/4 jours par semaine. CODE DU REGLEMENT: Alice's Madness UN MOT POUR LA FIN ? Qu'on me recolle la tête ?.. & .. Un peu plus sérieusement. Je n'ai pas terminé ma fiche, comme vous pouvez le voir. Mais je ne vais pas être présente cette semaine, jusqu'au 3 novembre à peu près.. Je ferais au mieux pour terminer ma présentation avant, mais si ce n'est pas possible .. Vous supprimerez ma fiche ? .