Encore un échec. Je les essuyais les un après les autres. Je commençais à sérieusement douter de ma capacité à la retrouver. Je me devais cependant de ne pas baisser les bras. Elle était là. Quelque part. A m’attendre. Désespérément. Je le savais. Je le sentais. C’était bien beau mais comment la trouver ? Depuis mon arrivée dans cet univers de désolation, je n’avais cessé de la chercher. Sans succès. Peut-être mon entreprise avait-elle peu de chance d’aboutir ? Je soupirai. La fatigue et le découragement me gagnaient. J’avais besoin d’une pause. Rapidement. Je me mis en chemin vers mon endroit fétiche. Mon sanctuaire. Je l’avais découvert lors de me recherche et je m’y étais senti renaitre. Pas tout de suite, du moins. Au début, je m’y sentais très mal à l’aise. Toute cette douceur. Cette candeur. Cette innocence perdue qui me revenait en pleine face avec la violence d’une rafale de vent. Ah, jeunesse envolée par l’égoïsme d’un seul être. Être que je n’ai malheureusement pas eu la chance de décapiter. Un jour, il deviendra ma proie et saura ce que ça fait d’en être une. Je le traquerais et lui ferais regretter le moindre de ces gestes, de ça, j’en fais le serment. Je ne pouvais décemment supporter que ces souvenirs dont j’ai fait le nécessaire pour enfouir reviennent me hanter avec tant de facilité, c’était inconcevable. J’avais tant travaillé pour me délester de ces fantômes qui me collaient avec ténacité. Je ne pouvais le cautionner. Toutes ces faiblesses qui m’assaillaient. Je me revoyais à quatre pattes, le visage inondé de larmes, suppliant pour qu’il me laisse tranquille. Écœurant. Pleurant pour que ma mère vienne me sauver, me prendre dans ses bras et me murmurer que tout irait bien. Sueurs froides. Moi, prier, pour que cette chienne vienne ? Autant crever. Mensonges. Demi-mensonges. Il m’a fallu ce que je suppose comme trois semaines pour m’en rendre compte et enfin faire la paix avec le frêle et innocent Nolan. Celui qui n’a jamais songé et ne pourra jamais faire de mal à une mouche. Celui qui, au moindre souci, se refugiait dans les jupes d’une mère froide et indifférente. C’est drôle de voir à quel point nous pouvons changer. Et ce en peu de temps. La vie est drôle tout de même. Du moins, ses aléas sont d’une hilarante tragédie. Qui aurait cru que le petit Nolan Owards aurait été enfermé dans un hôpital psychiatrique à l’âge de dix ans ? Personne. Et surtout pas moi. Le moins que l’on puisse dire c’est que sans les surprises de la vie, notre existence serait bien morne.

Alors que je pénétrais dans mon temple, je vis une silhouette féminine, que venait-elle faire ici ? Combien d’autres personnes encore connaissaient ce lieu ? On ne pouvait pas être un peu tranquille !? Je soupirai une nouvelle fois. Deux fois en un laps de temps aussi court, ce n’était pas bon signe. Je m’approchais avec la ferme intention de l’effrayer et la faire déguerpir aussi vite que possible, cependant mon cœur se mit à battre plus rapidement pour une raison inconnue. Il ne faisait cela que dans une seule situation, plutôt pour une seule personne Inaya. Ma princesse. Ma reine. Ma déesse. Je la reconnus. Elle n’avait pas changé. Je la suivis discrètement, ne voulant pas qu’en me voyant elle s’enfuie tel un animal effrayé. Elle s’arrêta soudain, les sens en alerte. Elle savait que j’étais là.

« Il y a quelqu’un ? » Sa voix, étant plus que d’habitude dans les aigus trahissait son effroi. Ah, dieu qu’elle m’avait manqué. Dieu que sa douce voix avait manqué à mon Univers de cauchemars. Devrais-je me montrer ou attendre ? « Très bien ! Qui ou quoi que tu sois, montre-toi ! TOUT DE SUITE ! Qu'on en finisse ! Je n'ai pas de temps à perdre avec de pareilles bêtises ! » Assurée. Plaisante. Attirante. Ensorcelante. Oui, elle m’avait indéniablement manqué et je supposais l’inverse. Nous allions enfin nous retrouver. J’avais attendu ce moment avec tant d’impatience. J’en avais tellement rêvé que le savoir sur le point de se réaliser me coupait toute respiration. Je me sentais…étrange. Il n’y avait qu’Inaya pour me faire ressentir de telles choses. Puisqu’elle le demandait si gentiment, j’allais me présenter à elle. Je sortis de ma cachette et m’avançais vers elle. Lentement. Calmement. Le sourire aux lèvres. J’étais heureux.

« Mon Dieu... » souffla-t-elle alors que je me présentais à elle avec mon plus sourire et elle partit dans un rire nerveux que je ne compris pas réellement. N’était-elle pas contente de me voir ? « Ce n'est pas possible. Tu n'es pas réel. Non... Je vais me réveiller. Je vais me réveiller... » Apparemment non. Ou peut-être était-elle sous le choc de me voir apparaitre aussi soudainement de nulle part ? Sans nul doute. Je me devais de la rassurer. Elle laissa tomber ses armes, signe qu’elle me faisait sans doute confiance. Qu’elle savait que je la protégeais quoiqu’il advînt. Que l’heure était aux retrouvailles. « Tu n'es pas réel. Tu n'es pas réel ». Je la touchais, d’abord timidement puis la pris dans mes bras pour le faire comprendre que j’étais bien là. Qu’elle, aussi, m’avait cruellement manqué. « Tu m’as tellement manqué si tu savais ! » Je la serrais contre moi, de peur qu’elle ne s’évanouisse tel un mirage. « Je suis si content de t’avoir retrouvé, j'ai bien fait d'avoir persévéré ! » Je humais son odeur qui à ma grande joie était identique à celui de mes souvenirs. Ah, que seraient nos existences sans les délicieuses surprises de la vie ?