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| Sujet: ♬ La folie n'est pas toujours passagère , la connerie non plus . [LIBRE] Mer 24 Aoû - 23:00 | |
| La folie n'est pas toujours passagère
« Tu crois qu’il y a à manger là dedans ? » Je soulève le couvercle d’une grande boite en carton, plus grande que moi, et la pousse de mon mieux vers la droite. L’ouverture est minime mais, assez grande pour que je m’y glisse dedans. Armée de mon glaive et d’une corde, je regarde à l’intérieur, un peu méfiante. Bon, à première vue, rien à signaler ou, du moins, pas de danger à l’horizon. Je balance la corde, fais plusieurs nœuds pour pouvoir descendre en toute tranquillité et cherche quelque chose à quoi raccrocher l’autre bout. « Tu vois quelque chose qui pourrait nous servir Phili ? » Non ? Tant pis. Je cherche des yeux une étagère assez solide pour ne pas chavirer sous mon poids lorsque je descendrais dans la boite. Voilà, c’est fait. Toute fière, je descends tout doucement et vérifie assez souvent que Philibert, le verre de terre, est toujours sur mon épaule. Je l’ai adopté à mon arrivée ici bas et, depuis, il me tient compagnie. Je ne compte pas la lâcher de si tôt puisque c’est, pour l’instant, mon seul et véritable ami au pays des merveilles. Certains me croiraient folle de parler à un verre mais, pour moi, c'est tout à son honneur. Pourquoi serait-il moins intelligent que nous, hein ? Regardez-le, regardez son air si mignon et intelligent. N'est-ce pas merveilleux ? N'est-il pas beau ? Oui bon, oubliez la dernière question ...
A l’intérieur, il fait frais et tout noir. Lorsque je pose un pied au sol, je suis obligée de tâter le mur pour ne pas me perdre ou tomber car, je dois avouer qu’avoir mangé ce bout de biscuit ne m’a pas porté chance. J’ai tellement rétrécie que je rentre dans une boite à chaussures et suis capable de me perdre à l’intérieur. On pourrait me prendre pour une amie de la poupée Barbie dis donc mais bon, heureusement que Philibert en a mangé aussi parce qu’il serait plus grand que moi à l’heure qu’il est. M’fin bon, passons. De toute façon, je ne trouverais jamais rien là dedans. Il me faudrait une bougie, une lanterne ou quelque chose qui éclaire pour pouvoir explorer en toute tranquillité. Dans le noir, comme ça, je ne vais pas y arriver. Déçue, je remonte par où je suis descendue. La corde a bien tenue donc, je remonte sans peine. Dehors, les corps inanimés sur le sol n’ont pas bougé. Une odeur de mort règne encore dans l’air et, ce n’est pas près de changer. Avec des gens qui tombent tous les jours, nous ne sommes pas près d’être tranquilles ici bas. Si seulement on pouvait remonter à la surface, à la normalité. Enfin, je dis ça, je suis très bien là où je suis. Je vis enfin un conte de fées et, cela, malgré la puanteur, le danger et, aujourd’hui, ma petite taille. Vu de cet angle, les cadavres sont plus imposants, plus puants. Me bouchant un nez, je me crée un chemin parmi le désordre du terrier. Depuis mon réveil dans ce même endroit, j’ai appris à connaitre ce lieu. Je connais chaque objet à terre et pourrait vous dire s’il a été déplacé ou non. Chaque corps, chaque macchabé, chaque victime d’une chute sans fin a pris sa place ici comme un bibelot dans un salon de thé. Chapelier à sa table, le Lapin a son terrier. L’avantage, ici, c’est qu’il y a du nouveau chaque jour. Super, non ?
Je sursaute et laisse échapper un cri aigue. Dans les méandres du terrier, un corps vient de s’abattre sur le sol non loin de moi. Mon dieu ! Il a faillit m’écraser ce type là. Oui, oui, c’est bien un homme ou, du moins, je crois. Je décide de monter sur l’individu pour vérifier puis, voir s’il est en vie pour la même occasion. Vu la chute, ça m’étonne pas que la moitié des gens ne se réveillent pas. Je fais un bisou à mon verre de terre et le met à l’abri dans mon sac en cuir brun. On ne sait jamais. Allez hop, on monte. Je prends appui sur son énorme main pour monter d’abord sur son bras. J’essaye de faire au plus vite parce que vous avez déjà imaginé s’il bouge ?! Il m’écraserait sans soucis ! J’accélère le pas et monte sur son bidou avant d’avancer à pas de loup vers son torse puis, son visage. Pas mal n’empêche. D’après le souffle court qui se dégage de sa bouche, il vit encore. Tant mieux. « Hey ! Oé, ouvre les yeux ! » Je j’assois sur son torse et attends qu'il se réveille. Heureusement, je n'ai pas à attendre longtemps. Lorsqu'il ouvre enfin un oeil, je crie à nouveau. « Te lève pas trop vite. Je suis lààà ! » J'agite des bras pour qu'il me voit et fasse attention.
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