Elle ne savait pas trop pourquoi ses pieds l'avaient mené là. Pourquoi elle avait sauté les buissons, enjambé les troncs couchés à travers le chemin. Pourquoi elle avait courut jusqu'à en avoir les poumons en feu, comme si le bâtiment allait lever ses petites pattes et déguerpir avant l'arrivée de la jeune. Mais après tout, dans ce monde de fou, tout était possible, non ? Elle avait été prise d'une soudaine crise d'angoisse, comme si elle allait se perdre à jamais si elle ne s'y rendait pas immédiatement.

Mais maintenant qu'elle était là, Wynter se sentait en sécurité. Comme une petite fille dans la lumière d'un réverbère dans la plus obscure des nuits sans lune.

Elle était arrivée dans la tour au milieu de l'après midi, du moins il semblait l'être. Puisqu'elle avait quitté le bois de Tulgey dans la matinée, elle s'était juste arrêtée quand le soleil avait atteint son zénith pour grignoter un peu, essayer de faire marcher une lampe frontale qui semblait avoir sa propre conscience et ses propres horaires de boulot. Puis elle avait reprit son chemin, tranquillement, jusqu'à ce que l'angoisse sus-nommé la saisisse et qu'elle se mette à sprinter comme si sa vie était en jeu.

Et qu'est ce que Wynter avait été heureuse en entrant dans la tour, elle avait regardé les rouages avec adoration, posé ses maigres possessions dans un coin sombre et gravit les marches en courant qui menaient au cadran et à la cloche. Pendant deux bonnes heures, elle avait contemplé le Pays des Merveilles de derrière l'aiguille qui refusait tellement d'avancer qu'elle en reculait presque, puis elle était redescendue pour essayer de réparer l'immense horloge, après tout, de son vivant, les rouages avaient été son dada.

Et finalement, elle s'était endormie à califourchon sur le rouage dont elle s'était émerveillée de l’ingéniosité pendant trois quart d'heures, bercée par le tic tac régulier des mécanismes inutiles.

Quand un bruit dans la tour la réveilla. Au début, elle avait pensé avoir rêvé, et s'était réinstallée dans l'espoir de replonger dans les bras de Morphée, mais elle avait ré-entendu un autre bruit, semblable à des bruits de pas. Son cœur se glaça d'effroi quand son imagination débordante et surtout héritière des pires scénarios de films d'horreur dont elle s'était nourrie les trois dernières années de sa vie. Serait-ce une de ses créatures dont elle qu'elle avait vu en arrivant ? Ou une de ses personnes qui voulaient faire du mal à autrui ?

Elle descendit en silence de son rouage, tentée de fuir dès que la chose se serait éloignée de la porte d'entrée, alluma la lampe frontale - enfin, elle refusait de s'allumer mais au moins quand elle le voudrait bien, elle le pourrait - et serra dans ses mains son moulin à poivre, dont elle était prête à se servir si jamais le besoin s'en faisait. Comme massue ou mitraillette d'ailleurs.

De toute façon, elle ne pouvait pas prendre ses jambes à son cou tout de suite. D'abord, il fallait qu'elle récupère toutes ses affaires, elle ne pouvait pas les abandonner, il y avait toutes les provisions qu'elle avait réussit à attraper sans s'enfoncer les doigts dans des épines. Ca lui avait prit toutes la journée d'hier pour récupérer l'équivalent d'une semaine d'autonomie, elle ne pouvait pas les laisser là.

Wynter posa le pied sur la première marche …