Nathaniel James Lewis

« Nearly all men can stand adversity, but if you want to test a man's character, give him power. »

RACONTEZ NOUS VOTRE MORT : C’est une nuit froide, sombre, humide, et Nathaniel avance dans les rues de Londres en terminant une cigarette. Il n’a aucunement envie de rentrer chez lui, mais que voulez-vous? Il n’a pas tant le choix. Il faut dire que depuis quelques semaines, l’ambiance de son foyer est devenue particulièrement lourde, et s’il peut l’éviter, il ne passe pas tant de temps auprès de sa femme. Elle est l’ombre d’elle-même, une pâle et fade copie de la femme qu’elle a autrefois pu être… mais bon, là n’est pas le point. Quittant un boulevard pour se faufiler dans une ruelle, Nathaniel jette sa clope sur le sol, se craque le cou. Au fond, plutôt que d’aller directement chez lui, il pourrait aller se faire une petite partie de poker, non…? Il a pas mal de dettes ces derniers temps, mais il pourrait sans doute se refaire, avec un peu de chance… Oui, c’est décidé, pas de scène de ménage ce soir. Il a bien le droit de se payer un peu de bon temps. Sortant ses clés à l’approche de sa voiture, Nathaniel a la mauvaise surprise de se faire saisir le bras par un inconnu. Croyant qu’il ne s’agit que d’un sans-abri, Nathaniel a un mouvement de dégoût, tente de dégager son bras… en vain. Avant même qu’il ne puisse réellement comprendre ce qui se passe, il se retrouve en une très mauvaise posture : l’homme tient son cou à l’aide d’un bras puissant, pose une lame sur sa jugulaire. « Lâche moi, enfoiré! Sais-tu à qui tu t’en prends, merde?! », crache l’homme d’affaire d’une voix assurée, alors qu’au fond, il tremble de peur. « Nathaniel Lewis. » Interloqué, Nathaniel hausse un sourcil, puis un sourire sans joie se dessiner sur ses lèvres. « Tu veux quoi, de l’argent? Pas de problème, lâche moi, on va régler ça… » Nathaniel n’a que le temps d’entendre le ricanement moqueur de son agresseur que, déjà, il sent la lame tranchante s’enfoncer dans sa gorge. Paniqué, il prend une grande inspiration, mais l’oxygène n’atteint jamais son cerveau : c’est plutôt une lapée de sang chaud et poisseux qui vient envahir ses poumons alors que Nathaniel tombe au sol, un regard d’incompréhension braqué sur l’homme qui vient de le tuer. Celui-ci, le visage masqué par une capuche, essuie lentement sa lame sur un chiffon qu’il jette ensuite sur le sol. « Au fait, ce meurtre était commandité par […] » Nathaniel n’entendra jamais le nom de son meurtrier, pour la bonne raison que son cœur cesse de battre avant même que le tueur à gage ait le temps d’achever sa phrase…

QUE PENSEZ-VOUS DU PAYS DES MERVEILLES ACTUEL ? : Le pays des merveilles a quelque chose d’incroyablement déstabilisant pour Nathaniel. À Londres, c’était le genre d’homme toujours sûr de lui, en possession de ses moyens en tout temps. Ici… c’est totalement différent. Il ne comprend pas le mode de fonctionnement, tous ses repères l’ont déserté. Soyons clairs : il déteste ce monde dans lequel il évolue présentement. La vérité, c’est qu’il est constamment effrayé, chose qu’il n’a jamais réellement ressenti de son vivant et qu’il aurait préféré ne jamais connaître…

QUEL EST VOTRE ENDROIT PRÉFÉRÉ DANS CE PAYS ? : La cabane de la simili-tortue. C’est étrange, car de son vivant, Nathaniel a toujours été le genre d’homme à vouloir être mis de l’avant, à vouloir être au centre de l’attention… Or, dans ce monde parallèle qu’il ne comprend pas, il préfère au contraire se retirer, se camoufler. Cette cabane lui apparaît donc comme une excellente échappatoire, il ne se gêne absolument pas pour s’y retirer régulièrement. Il n’en reste pas moins cependant que, même à cet endroit, il ne se sent pas totalement à l’aise, car il est constamment effrayé à l’idée de voir surgir un intrus…

« Nathaniel James Lewis, acceptez-vous de prendre Sixtine Carrington ici présente pour épouse, de la chérir, de l’aimer et de la protéger jusqu’à ce que la mort vous sépare? » Nathaniel tourne le regard vers sa promise, lui adresse un sourire complice. « Je le veux. » « En vertu des pouvoirs qui me sont conférés par la loi je vous déclare mari et femme. Vous pouvez embrasser la mariée. » Il ne se fait pas prier, posant aussitôt ses lèvres sur celle de sa femme, sous le regard ému des invités réunis dans l’église pour l’occasion. À Londres, on murmure que ce mariage est celui de la décennie. On discute du coût de la cérémonie, du nombre d’invités, du designer ayant conçu la robe exclusive de l’héritière Carrington. Jamais on ne mentionne l’amour présent entre les deux individus qui viennent d’unir leurs vies, c’est un détail tellement futile… S’aiment-ils, au fait? Sixtine aime Nathaniel, c’est un fait indéniable. Elle le voit dans sa soupe depuis toujours. Depuis le premier jour où elle l’a vu, elle a su qu’elle l’épouserait. À l’époque, elle n’était qu’une adolescente, alors que lui était déjà un homme mûr qui s’était fait engager dans la compagnie de son père. Nathaniel la remarquait à peine à l’époque, ne voyant aucun intérêt dans cette adolescente assez mignonne certes mais un peu agaçante et franchement collante. Toutefois, au fil des années, la jeune Sixtine se métamorphosa en une créature réellement séduisante, et comme la compagnie Carrington lui revenait de droit en tant que seule héritière, Nathaniel y vit un bon parti. Il ne fallu pas beaucoup de temps pour qu’ils se mettent en couple, et quelques mois plus tard ils étaient fiancés… Aujourd’hui, il est âgé de vingt-sept ans, elle n’en a que vingt et un. L’aime-t-il? Difficile à déterminer. Il apprécie son humour, sa personnalité distinguée, sa richesse, son corps. Il n’est pas amoureux, car c’est un sentiment que Nathaniel n’a jamais ressenti et qu’il évite à tout prix. Mais disons qu’il voit dans cette union plusieurs avantages indéniables, et puis bon, se marier ne fait-il pas partie de l’ordre logique de la vie qu’il veut vivre?

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« T’as changé de parfum? » Nathaniel lève la tête des rapports de la compagnie qu’il remplit, fronce les sourcils. « Non, pourquoi? » « Je sais pas trop, tes vêtements sentaient différemment… » Son visage reste impassible, mais à l’intérieur, ses pensées vont à une vitesse folle. Elle… elle ne doit pas savoir. Jamais. « Tu.. tu as lavé mes vêtements? Pourquoi? » Il se force à rire un peu, comme si la situation avait quelque chose de réellement étrange, ridicule. Pourquoi, oui… Pourquoi?! Merde, Sixtine, pourquoi? « Ça te dérange? » Sa femme ne partage pas l’hilarité forcée, maintient un visage sévère. « Non… non. C’est juste qu’on paie une femme de ménage pour faire ça, c’est idiot que tu t’abîmes les mains à faire une telle chose. » L’ombre d’un sourire en coin naît sur le visage de Sixtine, aussitôt effacé par un air mélancolique, triste. « Au moins, ça m’occupe… t’es jamais là, je n’ai pas ma place à la compagnie, et comme tu ne veux pas d’enfant… » Le tout ne sonne pas réellement comme des reproches, mais bien comme de réels regrets. Sans doute que Sixtine est plongée dans une profonde dépression, chose que Nathaniel n’a pas envie de gérer. Il se lève, tend les bras vers sa femme, l’enlace et lui caresse doucement le dos. « Pas tout de suite, Sixtine. Mais bientôt, c’est promis… » Sixtine soupire. Bientôt… c’est toujours pour « bientôt ». « Je dois y aller, j’ai une réunion importante ce soir. Ça va aller? » Sixtine se dégage de l’étreinte, lance un regard presque suppliant vers son époux, lui demandant silencieusement de rester auprès d’elle, chose dont il est incapable. Il est tout simplement incapable de supporter le lourd fardeau d’une femme malheureuse par sa faute. « Je rentrerai tôt… Je t’aime. », dit-il en déposant un baiser sur son front. Mots qui ne veulent rien dire pour lui, mais qui suffisent à rassurer sa femme. « Tu devrais sérieusement penser à te trouver un passe temps. », rajoute-t-il sur le pas de la porte. « Ou, si tu préfères, demain, on ira chercher un animal de compagnie... »

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« C’était la dernière fois. » Nathaniel prononce cette phrase en remontant son jeans, un peu dégoûté de ce qu’il vient de faire. Pas de l’acte non… plutôt des paroles qu’il vient de prononcer. Il regarde son amant, une réelle tendresse imprégnée sur son visage. Il n’a pas envie de faire ça, il n’a pas envie de « rompre » une relation qui n’existe pas à la base… Mais il le faut. Nathaniel James Lewis ne peut tout simplement pas vivre quoi que ce soit avec un homme… C’est tout simplement impossible. « Je suis désolé. » Le pire, c’est qu’il l’est vraiment. Il préférerait qu’un train lui passe sur le corps plutôt que quitter l’homme à qui il fait présentement face. La vérité, c’est que depuis qu’il fréquente cet homme, il se sent réellement bien, comme s’il avait enfin trouvé sa place… Mais jamais il ne pourra s’assumer, franchement! L’un des hommes d’affaires les plus influents de Londres ne peut tout simplement pas foutre son mariage en l’air pour s’afficher en tant qu’homosexuel. « Je pense que, dès maintenant, nos relations devront s’en tenir à être strictement professionnelles… Même qu’il serait sans doute préférable que tu travailles à distance… » Chaque mot prononcé a l’effet d’un poignard dans le cœur de Nathaniel. Jamais il n’aurait pu croire qu’il lui serait si difficile de lui dire de s’éloigner… « Je suis désolé. », répète-t-il bien inutilement…

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« Tu parlais encore à cet agent de police?! », s’étonne Sixtine, agacée. Depuis quelques semaines, Nathaniel est obsédé par le meurtre de Trystan. Il passe tout son temps à s’informer de la progression de l’enquête, s’est arrangé pour mettre les meilleurs enquêteurs de Londres sur l’affaire. Il ne dort presque plus, il ne fait que songer à cela… Il n’arrive pas à croire que Trystan, cet homme si doux, si adorable, ait pu être assassiné… « Pourquoi tu t’en fais autant, aussi? Tu le connaissais à peine! », lance Sixtine sur un ton amer. Nathaniel soupire bruyamment, serre les poings. « C’était mon employé. C’est mon devoir de trouver le coupable… » Oui, c’est ça… Allez Nathaniel, agit comme si c’était aussi simple que ça… « Que ton employé, hein? » Le ton de voix employé par Sixtine ne laisse pas douter de son incrédulité totalement justifiée. « Ce n’est pas ce que les vidéos de surveillance m’ont appris. », rajoute-t-elle d’un ton froid, impersonnel. Nathaniel lève le regard, sentant son cœur rater un battement. Non… Elle ne peut pas savoir. « Ooohh. Nate, ne fait pas cette tête! Tu ne pensais quand même pas que j’étais assez conne pour ne jamais découvrir le pot aux roses… » Il reste immobile, les yeux grands ouverts braqués sur elle, le souffle coupé. Elle. Sait. Tout. « Le pire, c’est que tu ne peux même pas nier, j’ai des preuves… », rajoute-t-elle, jouissant sans doute de sa petite victoire personnelle. Un sourire réellement réjoui danse sur ses lèvres, alors qu’elle balance une gifle monumentale à son époux, qui réagit à peine tant il est sous le choc… « Quand je pense que je t’ai tout donné… Cinq ans. Nous sommes mariés depuis cinq putains d’années, et tu me trompes avec un… HOMME? » Sixtine laisse aller son trop plein d’émotion en continuant de marteler l’homme d’affaire de coups, de gifles… « Je suis désolé… », arrive-t-il simplement à dire. Il faut croire que cette phrase est devenue sa marque de commerce… « Désolé? Oh, ça change vraiment tout! », hurle-t-elle. Sa voix est déformée par la rage, atteignant des octaves qui rendraient Mariah Carey plutôt jalouse. Démuni face à la découverte de son secret, Nathaniel reste silencieux. Durant les prochains jours, les prochaines semaines, il deviendra le mari modèle qu’il n’a jamais été, se forcera à être présent pour Sixtine, chose qu’il n’a jamais faite. Parallèlement, il se renfermera sur lui-même, continuera de suivre l’enquête portant sur le meurtre de Trystan avec intérêt. Il jouera de plus en plus au poker, s’attirant ainsi de nombreuses dettes de jeu qu’il peine à rembourser maintenant que Sixtine a pris le pouvoir dans leur couple. Oui, durant les prochains temps, il ne deviendra que l’ombre de lui-même…