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 Entre l'idée et la réalité, entre l'esquisse du geste et l'acte, se glisse l'ombre [Cryst]

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MessageSujet: Entre l'idée et la réalité, entre l'esquisse du geste et l'acte, se glisse l'ombre [Cryst]   Entre l'idée et la réalité, entre l'esquisse du geste et l'acte, se glisse l'ombre [Cryst] Icon_minitime1Sam 3 Déc - 23:37



Entre l'idée et la réalité, entre l'esquisse du geste et l'acte, se glisse l'ombre [Cryst] Th_500_349_1289192987_tumblr_lbj7u8bCjj1qbow9uo1_500_large

«Il n'y a pas de meilleur moyen d'échapper à la confession que le suicide, et le suicide est une confession. Daniel Webster.»


Pouvais-je contrôler mon âme, aller au grès du vent, mais quel vent ? Étais-je donc tombé si bas, que même le bruissement du vent ne s'autorisait plus à venir fouetter mon visage, caresser ma peau, m'offrant ainsi de doux et foudroyants frissons ? Était-ce là, cette fameuse punition divine ? Baliverne, si dieu avait un jour, réellement, foulé cette terre, il n'aurait aucunement pris la vie de ma femme et de mon enfant. Cet être que l'homme disait miséricordieux n'était rien d'autre qu'un imposteur, il faisait preuve d'un sadisme tel que même les pires péchés de l'homme n'étaient riens à côté. Ainsi, les hommes, pauvres marionnettes, ne faisaient que danser dans la paume de sa main. Prêts à se faire démembrer en une fraction de seconde. La vie n'était rien, la mort non plus, je n'avais rien vu, rien entendu, ni lumière blanche, ni enfer, ni paradis. Simplement ce monde, étrange certes, qui n'était rien d'autre que l'imagination d'une enfant. Levant les yeux au ciel, j'inspirais profondément avant d'expirer tout aussi bruyamment, sans doute pour me rassurer, me dire que je respirais encore, que j'étais plus proche de vampire que du fantôme. « -Tss... » Depuis quand étais-je si philosophique ? Cela était d'un ridicule, je perdais pied, je ne savais même à quelle vitesse le temps s'écoulait, s'écoulait-il encore d'ailleurs ? Tout cela était d'un étrange, ce pays ressemblait plus à l'un de mes nombreux délires, sous l'emprise de drogues, plutôt qu'à la mort. Je souhaitais que cette enfant se réveille, je voulais simplement mourir, car encore une fois, la vie m'avait ôtée le droit de revoir ma femme. J'avais cru, pendant l'espace d'un instant, un court instant qu'elle aurait pu être ici. Cependant, malgré mes fouilles, mes questions, mes crises, elle n'était pas là. Le souvenir de cette femme s'était envolé aussi vite que la flamme de son regard azure.

Parfois, lorsque mon esprit était trop embrumé par ce monde, j'avais l'impression de l'entendre rire au loin, toujours vêtue de cette robe blanche qui s'unissait parfaitement à son teint de nacre, tellement belle. Mes dents grincèrent de bons cœurs, une façon que mon corps avait pour me faire comprendre que je m'engourdissais, assis contre cet arbre, non loin de cette rivière de larme, je me relevais, doucement, titubant presque tant mon corps me semblait lourd et pesant. Ma respiration semblait être saccadée, je n'en avais aucunement conscience, au fur et à mesure que le temps s'écoulait petit à petit, parfois rapidement, je perdais la raison. L'essence même de la neutralité et de la conscience. « -Tu deviens dingue Genesis, ce pays te rend plus dingue que tu ne l'étais déjà... » Me murmurais-je à moi-même. Était-ce simplement le moment ou même l'endroit pour me ressasser ma santé mentale ? Ici, tout pouvait arriver, j'avais appris à être plus méfiant et vile que jamais et au fond, dans ma nature d'homme primitif...Cela me plaisait énormément. L'être humain était réellement étrange parfois, m'approchant encore plus du bord de l'eau, mains croisées contre mon dos, je me penchais légèrement, sur la pointe des pieds, fourrant mon visage dans mon écharpe bleu, une écharpe que j'avais subtilement pris à un jeune homme dont le nom ne me revenait jamais. J'essayais, tant bien que mal, d'apercevoir mon reflet et pour la millième fois, je ne vis rien d'autre que de l'eau trouble.

Plongeant mes mains dans l'eau ou plutôt devais-je dire ; Les larmes. Je m'étais accroupis avant de porter les larmes jusqu'à mon visage. M'hydratant de cette eau pure, pure selon moi. Pure, car elle n'était rien d'autre que le reflet d'une tristesse mélancolique, une tristesse que je ne connaissais que trop bien. ''Car, tu l'as tuée. '' Cette voix, encore et encore, même au-delà du monde réelle, elle continuait de me hanter. Me mordant la lèvre inférieure avant de me redresser en soupirant, je passais ma main dans mes cheveux afin de les plaquer en arrière. De cette façon, j'allais être moins gêné par des mèches de cheveux indiscrètes qui foulaient assez souvent mon visage. J'enroulais correctement mon écharpe, lorsque mon regard se posa sur des pieds, suivit de jambes et puis d'un corps, d'une femme. Je pâlis soudainement lorsque je vis les traits de son visage, retenant ma respiration pendant quelques secondes, dans le silence morbide de cette vallée, un silence qui me semblait soudainement indécent. Tant j'étais troublé par cette présence. « -Cryst.. ? » Murmurais-je du bout des lèvres, plus pour me poser la question à moi-même, plutôt qu'à elle. Peut-être étais-je victime d'un tour de magie, dont seul ce pays avait le secret. Serrant ma mâchoire avant de croiser mes bras contre mon torse tout en m'avançant prudemment jusqu'à elle. Si illusion elle était, c'était sa copie conforme, elle n'avait pas changée d'un pouce, toujours aussi meurtris et froide dans son regard. Mes prunelles azures virent affronter son regard froid et perçant, tandis qu'un sourire carnassier naquis sur mes lèvres. « -M'aurais-tu suivie jusque dans la mort ? » Plaisantais-je froidement, avant de faire claquer mes dents et de fourrer mes mains dans mes poches, me penchant légèrement en avant, mon buste qui saluait le sol, tandis que je ne l'avais pas quitté du regard. Gardant ce sourire condescendant qui me correspondait si bien.




Dernière édition par Genesis L. Van-Hohenheim le Mer 7 Déc - 21:01, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Entre l'idée et la réalité, entre l'esquisse du geste et l'acte, se glisse l'ombre [Cryst]   Entre l'idée et la réalité, entre l'esquisse du geste et l'acte, se glisse l'ombre [Cryst] Icon_minitime1Mer 7 Déc - 22:36



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«Il n'y a pas de meilleur moyen d'échapper à la confession que le suicide, et le suicide est une confession. Daniel Webster.»


Il existait en ce bas monde, des personnes qui nous marquent, d'autres beaucoup moins indispensables, ceux que j'aimais appeler des simples fantômes, ceux-là même que je côtoyais tous les jours, transparents et sans aucun intérêt. Un bonjour, un au revoir et le légendaire ''tu as fait du bon travail'', ce sont ceux qui ne m'avaient pas marqués, du moins, pas assez pour que mon âme meurtris ne soit mise en danger. Il y avait ceux qui m'avaient marqué du plus profond de mon âme, ceux qui avaient réussi à toucher mon âme du bout des doigts avant de la prendre et de l'écraser entre leurs mains. Ceux que j'avais aimé, ma femme, Kadaj, la famille de Kadaj...mon fils. Tants de fois, j'avais imaginé l'apparence de mon fils, il aurait eu des yeux sublimes, le visage de sa mère et sa douceur. Et puis, il y avait ceux qui n'étaient ni blanc, ni noir, simplement gris, ceux qui étaient tout autant meurtris que moi, ceux-là même qui se complaisaient dans la perdition. Cryst, faisait partit de ces gens-là, je savais qu'elle était perdue...à l'époque et je me fichais bien de savoir le pourquoi du comment, cependant...c'est cette façon hautaine qu'elle avait de mettre le doigt là où ça faisait mal qui m'avait fait m'attacher à elle, d'une façon spéciale qui au final m'avait fait prendre la fuite. Dans un moment de doute, le doute de lui faire du mal, le doute de lui briser sa vie, car au fond c'était bien ce que j'étais...un briseur. Chaque chose que je touchais, finissait pas se faner ou se briser à mon contact. Ma fuite, ma disparition était quelque chose d'automatique. Bien sûr, de temps en temps, nos conversations m'avaient manquées, elle avait laissée une sorte de vide...un vide que personne ne pouvait combler et pourtant j'arrivais à vivre avec cela, parce qu'elle n'était ni indispensable, ni transparente, les simples souvenirs que j'avais avec elle, me suffisaient amplement et cela ne m'avait pas empêché de continuer mon chemin sans aucun remord.

Ma provocation était anodine, j'avais toujours cette prétention qui faisait de moi une personne narcissique et remplis de sous-entendues dont je ne cachais pas aux autres. Même mort, je gardais cet aspect de ma personnalité qui n'avait fait que s'accroître depuis mon dernier souffle, je prenais le silence de la jeune femme pour une punition. M'en voulait-elle pour ma disparition qui avait été soudaine ? J'en doutais fortement, je pensais simplement à une fierté comme elle et moi nous avion en commun. Je me redressais légèrement, sans pour autant la quitter du regard, elle était belle, sa beauté n'était pas à remettre en question, c'était une chose que je ne me lassais jamais d'observer chez elle. Elle avait une beauté peu commune, elle faisait partie de ces beautés meurtris qui pouvaient être magnifiques, même avec les yeux rouges de larmes, elle avait cette force et cette fragilité, ces choses qui me ressemblaient. « Ne prend pas tes rêves pour des réalités, Lust. » Me renfrognant sur moi-même en grimaçant légèrement, non pas que sa remarque m'avait réellement blessée ou autre, c'était surtout le fait qu'elle m'ait appelé Lust, un nom que peu de gens utilisaient ou plutôt peu de gens avaient eu le droit de me nommer ainsi. Je n'appréciais pas spécialement, car ma femme fut la dernière à me nommer ainsi, c'était en quelque sorte un hommage en sa mémoire. J'avais oublié que Cryst prenait un malin plaisir à me nommer ainsi et jusqu'ici, j'étais trop défoncé ou j'avais fini par me résigner et lui donner l'autorisation dont elle n'avait pas besoin. Les traits de mon visage venaient de se raidir légèrement, tandis que je serrais les dents, gardant mon calme, ignorant ce pincement au coeur qui avait l'effet d'une balle en moi, mettre un doigt dans la blessure et fouiller à l'intérieur, voici ce qu'elle venait de faire. « -Depuis quand te juges-tu si importante pour que je puisse ne serait-ce que l'espace d'un instant... rêver de toi...Hum..bien prétentieuse. » Rétorquais-je calmement en la suivant de regard, le sourire aux lèvres. Je n'étais pas ou plutôt plus doué pour les compliments, il m'était plus facile de provoquer encore et encore, qu'importe l'être qui se trouvait en face de moi, c'était ma façon de communiquer et que cela plaise ou non, ce n'était pas mon problème.

La voyant s'asseoir au bord de la rive, je fis de même, me posant à ses côtés tout en m'appuyant sur les paumes de mes mains, me penchant légèrement en arrière. Sa compagnie me faisait plus de bien , que je ne voulais bien le dire, elle comprenait, elle me comprenait d'une certaine façon, nous n'étions rien d'autre que deux âmes errantes prises au piège par l'esprit torturé d'une gamine. Nous étions tous les deux forcés à errer dans ce monde, jusqu'à ce que cette fillette ne décide de la fin. Impuissants, nous n'étions même plus maître de nos âmes et cela était une constatation bien triste, bien plus triste que de comprendre que si la belle Cryst était ici, c'était bel et bien parce qu'elle aussi était morte. En égoïste que j'étais, j'en venais à être heureux qu'elle soit à mes côtés, le temps me semblait moins long et plus supportable, car elle m'aidait à oublier d'une certaine façon. Je l'observais du coin de l'oeil, voyant qu'elle touchait l'eau avec cet air si mélancolique et ce sourire quelque peu fier sur le bout de ses lèvres. « Alors tu es mort, toi qui paraissait si fort. C'est étrange, non ? » Je fus étonné, étonné de constater qu'elle me voyait comme une personne forte, moi le fuyard, le drogué qui ne faisait que fuir un souvenir bien trop douloureux. Cela me fit sourire légèrement, un sourire sincère cette fois, un sourire presque chaleureux, j'aurais aimé sourire de cette façon plus souvent, mais le masque froid revenait sans arrêt. Et ce sourire ne dura pas plus longtemps qu'une fraction de seconde, levant les yeux au ciel, j'inspirais profondément avant de fermer mes yeux. « -ça dépend de ce que tu veux dire par ''fort'', on finit tous par mourir un jour, aussi triste que cela paraît, la mort nous accompagne partout, on n'est rien d'autre que des mortels. Tu sais, même les plus grands finissent par mourir un jour ou l'autre. » Aucune tristesse dans le son de ma voix, aucune hésitation et aucune mélancolie, car moi...ce n'était pas la mort qui était venue à moi, mais bel et bien moi qui était venu à elle. J'ouvris mes yeux, me redressant légèrement avant de plonger ma main dans l'eau brumeuse tout en soufflant légèrement. Ma femme, elle, elle n'avait pas cherchée la mort, c'était un homme, un homme qui se croyait immortel qui lui avait prise d'une façon barbare et inhumaine. « -Alors, c'est quoi ton histoire ? Je veux dire, comment es-tu morte ? » Lui demandais-je calmement en jouant légèrement avec l'eau avant de tourner mon visage dans sa direction, plongeant mon regard azure dans le sien, un faible sourire aux lèvres. « -T'es pas obligé de me répondre, mais au fond à quoi bon se cacher maintenant ? On est mort...y'a rien à gagner et rien à perdre. » Triste constatation, mais vérité, nous étions morts et aussi con que cela puisse paraître, le moment venu nous allions tous disparaître une nouvelle fois et cette fois-ci nous ne serions rien d'autre que poussière.

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MessageSujet: Re: Entre l'idée et la réalité, entre l'esquisse du geste et l'acte, se glisse l'ombre [Cryst]   Entre l'idée et la réalité, entre l'esquisse du geste et l'acte, se glisse l'ombre [Cryst] Icon_minitime1Mar 20 Déc - 19:28



Entre l'idée et la réalité, entre l'esquisse du geste et l'acte, se glisse l'ombre [Cryst] Th_500_349_1289192987_tumblr_lbj7u8bCjj1qbow9uo1_500_large

«Il n'y a pas de meilleur moyen d'échapper à la confession que le suicide, et le suicide est une confession. Daniel Webster.»


Le mur que je m'étais mis pour ne pas m'écrouler, pour ne pas laisser mes émotions me détruire plus qu'elles ne le faisaient déjà. Peu de temps avant ma mort, j'avais l'impression que quelqu'un le grattait, petit à petit et la douleur était tellement à vif, qu'elle m'était devenue insupportable, moi l'homme que des milliers de personnes admiraient ou plaignaient, je m'étais laissé emporter par mes propres sentiments. Un long et puissant cyclone, un savoureux mélange de dégoût de haine et de beaucoup d'autres choses. Je n'étais plus rien d'autre qu'une carcasse vide, une carcasse que bons nombres de rapaces se seraient fait un plaisir de manger. J'imaginais les rapaces, leur bec et leur griffe qui déchiraient mes entrailles, se nourrissant de la pourriture de mon âme. Ce monde n'était rien d'autre que mon ultime punition pour moi, en rien je ne m'y plaisais. Ce n'était rien d'autre qu'une ironie mal placé, moi qui avait voulu en finir, je me retrouvais coincé ici, ressassent mon passé encore et encore. Me forçant à assumer mon acte, m'engouffrant dans cette solitude qui était loin de m'être étrangère. La guerre avait hantée mon vivant et elle hantait ma mort aujourd'hui. Quelle douce ironie qui ne me laissait qu'un vague goût amer au fond de ma gorge. De cette façon, je n'oubliais pas mes victimes ou celles de la guerre, les femmes qui pleuraient leurs enfants, le regard vide des hommes qui avaient tout perdus, le visage déformé des soldats blessés. Le sang par le sang, la guerre m'avait appris une chose, l'être humain est destructeur et quelle que soit la cause qu'il plaide, aussi noble pouvait-elle être, ce n'était rien d'autre qu'un ramassis d'excuses bidons, dans le simple but de détruire ce qui l'entourait.

La présence de Cryst, était en quelque sorte, un faible et court moment de paix, à cet instant il n'y avait plus de Lust drogué, plus de Lust sombre et malsain, plus de Lust du tout. Simplement un homme et une femme que la vie avait quitté, deux êtres que le destin, cruel et sournois ne voulait pas laisser en paix. L'être humain n'était rien d'autre qu'un assemblage d'émotions malsaines et de donnés qui le dépassait bien plus qu'il ne voulait bien l'avouer. Je n'échappais pas à la règle loin de là et lorsque je me trouvais avec Cryst, j'avais cette douce et amère mélancolie qui résonnait doucement à mon oreille. Ainsi, pendant un instant, je me suis laissé aller, d'un faible sourire, un sourire que je ne connaissais plus depuis bien trop longtemps. J'étais ce genre de personne que tout le monde évite, ni par crainte, ni par peur, ni même par antipathie, simplement par magnétisme, souvent on me décrivait comme insaisissable. Mais, jamais comme étant fort, je trouvais la jeune femme bien idéalisatrice de ma personne, ce fut cette constatation qui avait réussi à m'arracher un faible et court sourire. Je m'étais risqué à lui demander les circonstances de sa mort, pris par une curiosité déplacée et sans aucun tact, je ne savais pas me montrer compatissant ou autre, tout cela était un effort trop complexe pour moi. Je ne prenais jamais le temps de choisir les bons mots, je disais souvent et au grand malheur des autres, ce que je pensais. Dans ma vie, cela m'avait attiré pas mal d'ennemies, mais aussi bête et idiot que cela puisse paraître, mon franc parler était ce qui avait séduit mon public, au-delà de ma voix et de mon soit disant talent pour la musique. Ma main dans l'eau qui n'en était pas réellement, je baissais le regard tout en me disant que cette Alice devait être bien fragile pour qu'une rivière de ses propres larmes soient dans ce pays. « Et bien, je me suis suicidée. Stupidement. » Sa voix était comme à son habitue, neutre et indéfinissable, presque dénué d'émotion et pourtant, son dernier mot interpella. Avait-elle des regrets ? Qu'est-ce qui l'avait poussée à se donner la mort, au fond je ne connaissais presque rien de sa vie, même si, je me doutais que sa décadence n'était pas seulement le reflet d'une existence sans amour, une écorchée vive, comme moi, je la voyais comme cela. Je ne commentais pas, enlevant ma main de l'eau pour me redresser. Tout en plongeant mon regard azur dans ses yeux sombres et dénués de vie. « Une fin aussi héroïque que je le suis. » Pendant un court instant, je crus apercevoir une infime lumière dans son regard, un regret, des remords, je ne savais pas réellement mettre le mot exacte sur cela. J'avais envie d'en savoir un peu plus sur sa vie après moi, bien que j'avais conscience de n'avoir été qu'un court passage de sa vie, cependant, je n'en avais ni le courage, ni l'envie d'enfoncer le couteau dans sa plaie qui semblait encore à vif. Malgré mon envie de lui dire qu'elle n'avait pas fait d'erreur, malgré l'envie de poser ma main sur son épaule, je n'y arrivais pas, incapable de donner ou de recevoir de la douceur. Je m'étais enfermer dans ces murs froids qu'étaient ma propre prison. J'hochais doucement ma tête de haut en bas, lentement, signe que je comprenais ce qu'elle voulait dire. « -Un ami à moi, me disait souvent, que nous sommes les héros de notre propre vie, malheureusement, je pense qu'une partie est vraie, mais...quelque part, je pense que c'est bien naïf, si on se met tous à chercher un sens à nos vies, ou même à notre mort, on finit par sombrer dans la folie. Au final, nos actes sont le reflet de ce que nous sommes... » Je ne pouvais que le savoir que trop bien. À force de chercher la raison qui faisait qu'on m'avait arraché ma femme et mon fils, j'avais fini par sombrer petit à petit avant d'être avalé par les ténèbres.

Il n'empêche que son sourire me fit du bien, quelque part, je savais qu'elle était capable de donner et que le masque froid qu'elle gardait sur son visage, n'était qu'un artifice, comme le mien au fond. Je me reconnaissais en elle et c'est pour cela que j'aimais être avec elle. J'avais l'impression d'avoir mon propre reflet dans un miroir fissuré et salit par une âme tordue, souffrante de ce que l'humanité sale et obscène avait faite. « Et toi ? Comment es-tu mort ? » J'arquais un sourcil avant de fermer les yeux, me rappelant vaguement de mon dernier souffle, de la foule silencieuse, de la corde qui se serrait autour de mon cou. Je passais ma main autour de mon cou avant de m'allonger dos sur le sol, fixant le ciel gris, sans vie, mort. Comme moi. Comme ce pays en fait. « -Suicide, par pendaison....fallait se douter qu'un jour ou l'autre, je finirais par lâcher prise. » Soufflais-je doucement, presque mélancolique, avant de fermer de nouveau mes yeux, me rappelant le doux visage de ma femme, de son ventre rond qui signifiait que la vie était en elle, puis de son sang, de sa gorge tranchée, de son dernier souffle et de ce silence, suivi d'un vide impossible à combler. D'une souffrance qui m'arrachait la peau, doucement je posais l'une de mes mains sur mon visage, cachant cette douleur qui me lacérait le coeur encore aujourd'hui. « -C'était pendant mon dernier concert, je suis monté sur scène et j'ai passé cette corde autour de mon cou....c'était épique ! Au moins, j'ai marqué les esprits... » Ironisais-je doucement, d'une voix rauque, en aucun cas je regrettais mon geste, car je n'avais rien à perdre, je n'avais personne à aimer et je n'avais laissé personne m'aimer.

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