one

Tu marches sur un pied sans savoir où tu poserais l’autre. Tes bras sont levés, et le vent caresse tes cheveux foncés. Tu souris sachant le regard de ton frère sur toi. Qu’est-ce que tu aimais le savoir à tes cotés, et putain, qu’est-ce que tu pouvais l’aimer. Dans une démarche presque rapide, tu te mets à courir. Tu espères t’envoler d’un moment à l’autre, tu voulais toucher la liberté du bout des doigts ; Tes bras battent de l’air, tu te sentais prêt. Tu entends un bruit, tu trébuches. Franciszek. La joue posée sur le bitume, tu étais plus lourd que ton rêve. Tu lances un regard noir vers ton ainé, tu pouvais le remercier ; Le joint épouse ses lèvres. C’était comme ça qu’il l’appelait. Tu le regardes avec cette admiration habituelle, presque exagérée. « Petit frère, ça, c’est bon. » Tu lui offres un sourire niais, envieux d’en savoir davantage. « Ça fait quoi ? » Tu passes ta main sur ton visage. Fronçant les sourcils, tu essayais de chercher la réponse dans ses yeux clairs. En vain. « Tu oublies. T’es dans ton monde, dans ta bulle. Tu te sens fatigué, aussi. » Tu écoutes, tu ne dis rien. Ça t’intriguait. Un peu, même trop. Tu le vois recracher sa fumée, ça te paraissait si facile. Tout te paraissait tellement simple quand tu étais avec lui. Ce lui, ce jeune homme, ce grand frère. La nuit avait déjà déposé son voile sombre sur Varsovie, c’était si calme. La porte s’ouvre, merde ; tu salues l’état déplorable de ta mère ; Les cheveux collés au front, la bouche béante, les joues rougies, la démarche titubante. Tes yeux sont cachés par les mains de ton ainé, ta tête contre son torse. Il te murmure quelques mots, tu ne les comprends pas. Tu le regardes discrètement, tu avais le droit à son étreinte chaque soir. « Ne la regarde pas. » Tu avales ta salive, tu avais le droit à ce spectacle chaque soir. « Bientôt, ce sera fini. » Tu savais que ta mère était rentrée, tu te dégages de ses bras. Ton regard agrippe le sien, c’était faux. « C’est pas possible. » Tu secoues la tête, et tu pousses un soupir las. Tu perdais espoir au fond de toi ; Tu n’étais pas plus haut que trois pommes et pourtant, tu portais tout le poids du monde sur tes pauvres épaules. « Dans quelques mois, on se tire. Où tu veux, j’te laisse choisir. »

two

« Tu regrettes pas l’Irlande ? » Tu tournes la tête vers ton frère et un sourire se dessine sur tes lèvres. Tu avais choisi ce pays par hasard, c’était ça ou ça. Tu voulais juste t’en aller, oublier ce putain de passé, et surtout, t’enfuir avec ton ainé. Maintenant, tu te trouves dans cet appartement miteux du coin de la rue. Ça te dérange pas, tu préférais. Franciszek t’élevait comme il pouvait, t’apprenait ce qu’il fallait. « Non, moi, j‘aime bien. » Il ne répond pas, s’approche du lit et s’y installe. Salue la liberté, Kasper. Pas besoin de t'envoler.

La vie serait sans doute insupportable sans une certaine inconscience. T’étais d’accord, toi comme ton frère. Tu t’imaginais peinard, la clope au bec ? Secoue la tête, tu voulais pas de ça. Tu regardes au loin, après avoir refermé la porte. L’autre au volant, tu lui faisais confiance. « Si on fait ça, c’est pour quoi ? Pour nous amuser. » Son ton est sec, il parait impassible. Tu laisses échapper un ricanement ; bien-sûr que tu le savais, misérable évidence. Il est démarre et doucement, tu ressens l’adrénaline monter en toi. Tu souris, qu’est-ce que c’était bon. Tu règles le volume de la musique avant de fermer les yeux. Fort, fort, fort. Le chant de ton ainé se fait entendre, mélange de joie et de fausses notes. Tu l’accompagnes, ta tête battant le rythme. Encore et encore, tu voulais que ça dure. Encore et encore. Tu étais loin d’imaginer que ça pouvait s’arrêter, que tout pouvait s’éteindre. Tu avais encore beaucoup de choses à apprendre, malheureusement. Tu t’attendais pas à ce que la musique continue à tourner. Pourtant, c’était le cas. Tu pouvais plus bouger ton corps, visiblement affalé sur le tableau de bord. Tu avais mal, tu voulais le faire savoir. Tu avais besoin de ton frère, tu le cherches difficilement du bout des doigts. Tes yeux se posent sur lui, ton cœur rate un battement ; Sa tête, étrangement tournée, est rougie par le sang. Ses yeux ouverts et opaques semblent te fixer. Il ne pourra plus te prendre dans ses bras. Aujourd’hui, il ne trouvera pas les mots pour te consoler. Ne lui en veux pas, Kasper. Tu cries son nom, essayant de te relever. Tu le frappes, tu lui dis que tu le détestes, il te regarde et te demande pardon. Des larmes perlent tes joues et il t’embrasse avec douceur. Mais tout ça, c’est dans ta tête. Tu n’as juste pas compris qu’il était mort.

Tant bien que mal, t’essaies de te préparer un rail ; ce rail de poudre blanche, poudre indispensable. Les yeux presque fermés, la tête se balançant en avant puis en arrière, tu ressemblais à ta mère. Les gens autour de toi veulent t’aider, tu les envoies chier. Tu cries jusqu’à ne plus les voir, tu veux ton frère. Encore et encore, tu cries le prénom de ton ainé. Reviens, bordel, reviens. Tes pleurs résonnent dans toute la pièce. Sans lui, t’étais bon à rien. T’avais perdu ton repère, Kasper.

three

La main tremblante, tu t’empares de celle-ci. À quoi ça te servait de rester ici ? T’étais seul, après tout. Plus rien ne t’importait, tu te souciais de que dalle. Cette corde, tu la tiens fermement. Tu savais pas comment t’y prendre, c’était ta première idée. Tu échappes un long soupir, essayant de former une boucle. Franciszek était mort, tu allais le rejoindre. Peut-être que ça allait marcher, peut-être pas. Tu avales ta salive, te levant difficilement. Tes yeux se posent sur un miroir. Tu te rappelles du sourire de ton ainé, de son regard tendre, de son air impassible. Tes lèvres se plissent, première fois depuis quelques mois. Ce que tu vois, c’est son petit frère ; Le visage creux, les yeux fatigués. La corde se glisse autour de ta nuque et tu montes sur un siège. Lève les bras, attache cette extrémité, et on sera débarrassé de toi. C’est ce que tu voulais. Tu vérifies, tu hésites. Sois confiant, petit. Va-t-en d’ici, ta place était là-bas avec lui. Tu baisses les yeux, et tu pousse le siège avec les pieds. Pour la première fois, tu crois rêver. On te sert au niveau de la gorge, on t’étrangle. Tu es surpris de la douleur, tu manques d’air. Au revoir.

Excellent choix de scénario, le lien claque Bienvenue parmi nous et bonne chance pour ta fichette

S. Berlioz Denforth a écrit:

Très bon choix d'avatar et de scénario.
Bienvenue parmi nous je te remercie de ton inscription et bonne chance pour ta fiche.